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Michel FARI

L’échafaud

Inutile de croire au sourire du jour
Se cachant derrière des ombres assassines
Quand des lèvres frémissent pour dire bonjour.
Je sors de mon sommeil quand l’aurore décline.

Inutile, en fin, de faire encore semblant
Quand on vient vous chercher pour vous trancher le cou.
Dernière heure choyé par un bourreau tremblant,
Qui coupe ma chemise à la pointe de l’août.

Le silence alentour, éternel, insistant,
Une cigarette, et ce verre réservé ;
Il y a là cet ami qui m’agrippe un instant,
Comme un dernier regard qui restera gravé.

Encore quelques pas vers le grand échafaud ;
Une planche dressée, face vers mon destin ;
Un pas, encore un pas et le cri d’un gerfaut,
Mon corps s’incline, et va, poussé comme un pantin.

Une seconde de fin… ce tout dernier bruit…
Et ma tête bascule, et mon corps se déchire.
Un dernier souffle ouvrant les portes de la nuit,
L’aurore patiemment a fini de blanchir.