Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

MBIN Gustave

VISAGE

23 Sept.1990 Douala – RC

Regard de naïve, envie infinie,
Cils touffus, naturels et sauvages,
Dessin d’amadou, plat et sans pli,
Triste ou pâle, et son aérage…

Et le bout du crayon qui dessine,
Parcours caressant, leste, sans peine,
Visage de l’amour, des beaux temps,

Et le bout du crayon qui dessine,
Qui parle, trace et imprime,
Qui chante, danse et qui affine,
Les lignes courbes de cette âme,

Et le bout du crayon s’attarde,
Noircit un coin au-dessus de l’oeil,
Loin d’en faire une passade,
Deux jolies paupières sont en éveil ;

Et le bout du fin crayon qui descend,
Son regard à lui pense, se souvient,
Le fin crayon monte et redescend,
Une forme, une bouche, ses biens !

Et le bout du fin crayon qui dessine,
Tout doucement, telle une caresse,
A pousser fort son adrénaline,
Tout tendrement et avec finesse,

Un rictus, un sourire, ses lèvres !
Visage de douleur ou de douceur,
Doux rêves, souvenirs sur ces lèvres,
Pour son passé rangé dans cet ailleurs.

Bouche de sève, bouche de femme,
Bouche du vif, réveil de ses essences,
Du silence que couve le drame,
Du sens qui le sort d’une transe,
Bouche des baisers aux goûts sauvages,
Bouche qui crie quand le désir danse,
Bouche du feu loin des idées sages,
Bouche de femme, un oeil se ferme,
D’ivresse, cet envi dévore ;

Et le bout du crayon se déforme,
Que de frissons ! D’amour encore !
Et le bout du fin crayon se transforme,
Et puis des couleurs, des aquarelles,
Lentement le pinceau se promène,
Comme une caresse d’elle,

Très tendre, puis on revoit la scène :

Ce jour-là, il faisait un grand soleil,
Ils marchaient en silence, enlacés,
Rires aux lèvres, coeurs en éventail,
Sous leurs blue-jeans leurs jambes cadencées,
Rappelaient à ne point se souvenirs,
La vue d’agneaux marchant de côté,

Puis se fit soudain une grande pluie,
Un nuage sombre voulut tout cacher,
Mais une lampe fusa de la nuit,
Ils furent seuls comme dans l’oubli,

La lampe rapprocha l’infini,
Et ils perdirent la peur des ennuis,
Ils coururent jusque dans une grande maison,
Tel une tendre, douce mélodie,
Le tonnerre gronda, que de frissons !
Elle se blottit tout contre cet homme,
Lui n’oublia jamais ce visage,
Qui devenait sensuellement femme,



Visage de fée du bel ange,
Plein d’espoir pour un futur amant,
D’un regard lumière sans nuage,
Où l’on perçoit la chaleur du sang,
Lui n’oublia plus ce regard de vie,
Il l’embrassa amoureusement,
Se dépouilla de ses folles envies,
Elle l’aima langoureusement.

Mais ce ne fut qu’une aventure,
Une tendre fenêtre dans leur vie,
Un volet dansait de ses rayures,
Et ce volet cachait bien leur folie ;

Puis ils décidèrent de repartir,
Lui vers le sud et elle vers le nord,
Chassant tout, et même l’avenir,
Pour s’aimer au loin et encore,

Mais aussi pour essayer d’oublier,
Rien n’y fit, il ne put supporter,
Il voulut la rêver, se rappeler,
Et il put enfin l’imaginer,

Si tendre avait été leur été,
Son visage lui revint doucement,
Si tendre, calme mais si gaieté,
Il lui a fallu choisir ce moment,

Pour lui prouver son amour d’amant.

Puis il reprit la toile, son portrait,
Son visage revu sous tous ses traits.



Regard de naïve, beauté infinie,
Le doux pinceau tend ses aquarelles,
Lueurs vives qui rythment cette poésie,
Un peu de rose sur ses bretelles,

Puis un peu de bleu et de vert aussi,
Pour ces lucioles dansant sur elle,
Comme si elle était leur paradis,
Du rythme des beautés naturelles,

Et le bout du doux pinceau qui flâne,
Sur ces couleurs d’arc-en-ciel,
Qui chante, danse, descend sans peine,
Et qui appose sa couleur de miel,

Qui remonte, trace et affine,
Les lignes courbes de cette âme,
Tendrement le pinceau se promène,
Comme une caresse de femme,

Qui tâte, aime et qui titille,
Et soulève sous elle des vagues,
Vagues de ce frisson qui réveille,
Cette vieille hargne pour ces fugues,

Le doux pinceau recrée la nature :
Visage de rêve, air candide,
Et éternellement immature,
Brillante fleur, luciole de vide,

Et le bout du pinceau s’attarde,
Noircit un coin au-dessus de l’oeil,
Loin d’en faire une passade,
Et de jolis sourcils sont en éveil ;

Et le bout du doux pinceau qui redescend,
Son regard à lui pense, se souvient,
Le doux pinceau monte puis redescend,
Du rouge, une bouche, c’est bien :

Bouche de sève, bouche de femme,
Bouche du vif, réveil de ses essences,
Du silence que couve le drame,
Du sens qui le sort d’une transe ;
Bouche des baisers aux goûts sauvages,
Bouche qui crie quand le désir danse,
Bouche du feu loin des idées sages,
Bouche de femme. Un oeil se ferme,
D’ivresse, cette envie dévore ;
Le bout du doux pinceau se déforme,
Que de frissons ! D’amour encore !

Et le bout du pinceau qui affine,
Tout tendrement, tel une caresse,
A pousser fort son adrénaline,
Amoureusement, avec finesse,

Un peu de noir pour ses cils sauvages,
Et sur ses joues rondes, un peu de miel,
Beaucoup de rose pour son aérage
Le doux pinceau tend ses aquarelles,
Encore du bleu sur son doux corset,
Sur ses cheveux de belles lucioles,

Scintillaient dans le vide sans arrêt ;
Brillants cheveux noirs noués en chignon,
Chatouillant son dos de miel sans regret,
Avec humilité et sans façon.

Cet air indifférent, mieux que calme,
Profond que l’eau loin de l’île ;
Un regard loin d’elle, air de femme,
Sans raison triste ou pâle,

De la vie, la paix, la liberté,

Le temps de la dernière semence,
Et le temps des récoltes, de gaieté,

Amen ! Signe de la providence ;

Et le visage dans sa mémoire,
Regard de naïve, beauté infinie,
Fermer ses yeux, les plonger dans le noir,
Lueurs vivent qui rythment cette poésie.

Cette toile est baptisée « La Femme ! »

Fin

23 Sept.1990 Douala – RC