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MBIN Gustave

Tiens ! Ici est mon…

22 Fév. 1989 Yaoundé – RC

Tiens ! Ici est mon…

Compte ces requins et surtout ne quittes pas
Ce lieu, vois bien que le Lac se dessèche déjà,

Tout ici tourne autour de nos dignitaires.
N’ose rien ! Tu n’as rien vu, tu dois te taire.
Portes ce poids sagement dans ton cœur d’enfant,
Dis-toi que demain tu ne feras pas autant.
Tu vis avec ces hommes, fakirs ou vandales,
A l’avenir tu n’y trouveras plus de mal,
Si tu restes longtemps, vivant en recluse,
Tu vivras longtemps si tu vis dans la ruse.

Compte ces cases, secoues moins souvent la tête.
Parles moins de ta pensée ou fais la bête !

Par ça peut-être vivras-tu un peu plus longtemps,
Ici est mon crépuscule ! Tiens moins serment !
J’avoue que j’ai vécu comme un tourbillon,
Aux vifs desseins, aux idées pleines de raison,
Je suis resté en marge de ma société.
Pauvre dans la chasteté, la pureté.
En plus, une fin pour moi n’est qu’une libération.
Enfant, cherche ta paix, donne leur ta caution.

Compte pas ces châteaux ! T’en auras la nausée.
On change son drapeau quand le tour est gagné.

N’ose rien ! Car après seul tu regretteras.
Vis dur et dis-toi que le passé n’est plus là.
Rends tes aveux serpentaires au bout du temps !
Laisse tous tes secrets dans cet étrange néant
Qu’est ton cœur d’homme libre de toute passion !
Spécule du même coup et à leur façon,
Rends-toi coupable et sois indésirable.
La justice en ce monde n’est que fable.

Compte pas mes mots ! Tu oublies tes idées.
La vie ici serait-elle une cheminée,

Par où passe lentement cette fumée,
Témoin de la combustion de ma liberté ?
De ce grand feu qui brûle ma démocratie,
Et pour tous ces forfaits gris qui peuplent ma vie
Rêve remplacer un jour ces dignitaires,
Et sache que ton cœur tu ne peux satisfaire,

Porte ce poids sagement dans ton cœur d’enfant.
Dis-toi que demain tu ne feras pas autant.

A l’avenir tu n’y trouveras plus de mal,
Pour ta vie, ceci ne constitue que l’escale.
Tiens ton arme ! Élève ton âme ! Vas-y !
De cette guerre persuade tes ennemis.
Ici est mon crépuscule, ma retombée !

Compte pas mes défauts ! T’en auras la nausée.
Rêve moins, fixe de ton iris la réalité.

Sur tes orteils, places-toi et entrevois tes fins.
On gagne plus à savoir ce qu’est demain.

Enfant, sois heureux !
Adieu !

Fin

22 Fév.1989 Yaoundé – RC