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Mauriane ALVAREZ

Satan, mon amour.


Au fond de ma prison, tellement loin de la Terre,
J’ai attendu en vain que sa voix de damné
Ne m’enchaîne plus à cette porte de fer
Que l’on ouvre aisément sans pouvoir la fermer.

J’ai rêvé de le voir nu, tremblant dans mes bras,
Mais un ange déchu n’émeut pas Lucifer,
Si personne ne l’aime, si personne n’y croit,
Sublime subtilité, car le monde le sert.

Moi je l’aime, pourtant, d’une passion étrange,
Qui nous lie tous les deux, sans que l’on puisse voir
Que l’hymen que l’on scelle dans la boue et la fange
Nous a fait plus de mal qu’on ne pouvait le croire.

Je ne suis ni déesse, ni reine de sabbat,
Mais nos âmes s’attirent, animées d’un aimant
Qui me brûle dans les eaux d’une douce salsa,
Et me noie dans les flammes d’un tango rouge sang.

Je T’en prie attends-moi, ô mon tendre démon,
Car mes ailes de cire ne survivent à l’aurore,
Je retourne dormir dans le sombre limon
Qui m’a faite pour Toi, ô mon noir Belphégor.

Cette ombre que Tu suis sans jamais T’en lasser,
Me remplit d’amertume, de rancune et d’effroi,
Sur sa robe de pourpre, deux serpents enlacés
Me rappellent combien je m’éloigne de Toi.

Je connais cette femme que Tu appelles « Mère »,
Je reconnais la Mort sous son gant de velours,
J’ai dompté l’animal que l’on nomme Cerbère,
Sans jamais Te toucher, ô Satan mon amour.