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Mauriane ALVAREZ

Le poison des mots.

Je ne peux avouer ce qui fait le malheur
Qui pétrit ma chair blanche et si pure autrefois,
J’ai vendu pour toujours cette antique pudeur
Qui bâtit la limite franchie tant de fois.

J’attendrai que le Ciel me condamne au repos
Pour dévoiler enfin le monde auquel j’aspire,
Mais mon cœur étouffé par le poison des mots
N’a rien de comparable à celui qui m’attire.

Le silence m’observe entre ses quatre murs,
Mais il ne m’aide pas à rire de la Mort,
Mon corps, enveloppé d’une aura de parjures,
S’est trouvé plus infâme que ne l’est l’Aurore.

Si je ne peux t’aimer, ô dieu noir de mes rêves,
Je te donne mon coeur, car il s’arrêtera,
Je préfère à l’effort l’acier rouge des glaives,
Si je ne te pri pas, qui me pardonnera ?

J’ai dansé tous les soirs une valse maudite
Mais peut-on s’échapper quand un ange vous hante ?
Divine Comédie que d’aimer l’eau bénite,
Car mes yeux corrompus ne regardent que Dante.

J’ai versé, je le crainds, bien trop de pleurs amers
Pour étancher la soif que plus rien n’assouvit,
O sublime monarque, est-Tu Roi sans tes fers,
Es-tu Roi sans Ton Ciel, est-on mort si l’on vit ?

Je ne veux ni souffrir, ni faner l’églantine,
Pour cela je retiens Ton ultime sanglot,
Ne tremble pas d’effroi devant la guillotine,
Car elle est l’instrument d’un candide angelot.

Ne me condamne pas, Toi qui n’est que poussière,
Je n’ai que faire, vois-Tu, de tes odieux tourments,
Cette main que j’embrasse a vaincu Ta Lumière,
Et nos doigts s’enlacent jusqu ‘aux derniers moments.

C’est ainsi qu’il tomba dans la fosse commune.
Oubliant qu’il fut droit, oubliant qu’il fut juste,
Le peuple l’immola sous un flot de rancune,
Ainsi crachent les Hommes sur le nom de Saint-Just.