Mon âme est une forteresse, Cachée de tout, cachée du reste, Donc nul être n’ose s’approcher De peur d’en être vif brûlé.
Mes murs, que de simples pensées, Mes douves, de maintes peines chargées, Suffisent d’elles seules à repousser Tous les êtres que j’aurais voulu aimer
Car en mon personnel cachot, À l’écart des tours et châteaux, En retrait des simples mortels, J’attends pour vous, être cruelle.
Sur votre noble destrier, Loin de mon levis vous tournez. Si tant douce vous semblez, pour moi, Si tant cruelle vous êtes, par foi.
Et alors que vous retournez Au loin, près de votre cité, Je repense à ces doux moments Où vous n’étiez pas que tourments :
En ces temps où je vous aimais Sous le pommier qui fleurissait Et qu’à mon retour du royaume, En songes, j’humais votre arôme;
En ces temps-là où vous étiez La sylphide de mes étés Et que toujours j’aurais aimé Que le temps s’arrête d’avancer;
Mais malgré tout, en ces jours noirs, Je réalise tous les déboires Qu’un cœur seul, morne et malheureux Fait vivre à un simple amoureux.
Le passé n’est qu’un conte flamboyant Dont nous sommes les oriflammes flambants : Mais de vous je ne puis oublier Ce qu’en mon âme, mon ange, vous étiez.