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Maryse GEVAUDAN

L'Oeillade et l'O du Thé (Amer)

"Et de ces hautes cimes d'ici nous partîmes
Un Jeudi à Midi pour nous rendre à Didyme...
Je suis Maître des Pois comme de l'Uni Vert
Et rassemble les Cosses à mon Bataclan Vair.
O Chypre, nous voilà ! Accordez vos binious !
Nos Miladies là-bas tendent leurs draps vers nous !"

Ainsi parlait Zara. Tous, tremblant, l'écoutaient
Et les feuilles tremblaient dans les tasses de thé.
Car c'était bientôt l'heure de la profonde nuit
Où sonnerait le heurt de leurs armes à grand bruit,
Quand l'Amer Ezechiel devant eux descendrait
Comme au jour de sa mort affreusement madré,
Ce serait le départ vers les terres lointaines
(tous n'auraient pas le temps d'enfiler leurs mitaines).
Et déjà s'élevaient aux nues leurs chants d'adieux,
Leurs yeux curieux de cieux moins vieux z'étaient radieux.
(Ouf patapouf !)

Narcisse en un beau ru prenait congé de lui,
Echo -la malheureuse- ailleurs s'était enfuie ;
Oreste avec Pylade échangeait des serments,
Et Toi et Moi faisions ce que font les amants.

Alors vint le Signal et le Grand Zara dit :
"Allons z'enfants de ma patri-i-e ! Jeudi
Est là qui jadis hélas fut funeste à...tchoum" !!!
Car il avait pris froid. On lui porta deux plums-
Puddings et un grog chaud dans un verre à chiendent
(il se plaisait à dire qu'il avait du mordant).
Ainsi revigoré, il fut ravi, taillé
Comme un marbre imposant par la nuit qui bâillait.

-"Or donc disais-je alors... Oui, c'est ça : nous partons.
O Maure, Vieux Gaby, tonne ! Il est temps ! Décampons !
Un pays nous sourit. O Maure, courons-y donc !"
Et aussitôt nous tous d'enfourcher nos guidons.
Le superbe Anh-Khe-ty'L déjà se départage
De la foule amassée qui pédale avec rage,
Mais Louis XI aussi sec enfonçant son bob et
Les doigts dans son long nez en lui criant "Ohé !"
Susurre aux doux accents de la Lyre d'Orphée :
"Ta tête, ton geste, ton air
Sont faux comme un oiseau de proie.
L'ironie joue en ton oeil froid
Comme un vent frais dans un ciel clair."

Ciel ! Qu'ouïs-je ? Une rythmique octosyllabique
En mes Alexandrins !... Y semant la panique !?...
Désarçonné sur ce, Anh-Khe-Ty'L se pâma
Et mon récit aussi franchement se pauma.
-Ah, je le reconnais, je l'ai vu dans mes songes !
Cessez, cessez, lecteur, d'écouter des mensonges !
Nous n'allâmes jamais nous baigner à Didyme
Et cette Ode Toussée ne fut qu'(oh !) borborygme :
Le Grand Zara (fouchtra !) ne m'a rien dit du Tout.