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Maryse GEVAUDAN

Cycle

Sonnet I - Il fut un temps jadis où tu m'étais soleil
Le jour à ton visage empruntait sa parure
Et ton sourire était suave déchirure
De félicité douce comme le sommeil.
Toute chose par toi arborait sa couleur
Jamais rien ne brûlait d'aussi chaleur ardente
Que mes élans vers toi et lancinante attente
Des instants où je me noyais dans ton odeur.
Le matin n'était pas plus frais que ton haleine
Mon destin s'inscrivait dans le sang de tes veines
Et mes pas se traçaient aux traces de tes pas
Car je m'étais à ton empire abandonné
Ainsi qu'on se livre à qui vous a couronné
Mais toute joie se meurt je ne le savais pas.

Sonnet II -
Quand on lève les yeux vers les yeux que l'on souhaite
Et que l'on pense y voir l'âme de nos pensées
C'est notre propre coeur que ce regard reflète
Mais on ne poursuit pas l'idée sur sa lancée
Car on se veut miroir de l'autre en nous qui brise
Deux altérités pour les fondre en une seule.
Tu es moi je suis toi de cette image éprise
Et tant pis si ce n'est pas exactement celle
Dont on voudrait dresser l'éclatante oriflamme
Pour se persuader qu'elle claquera toujours
Haut et fort en témoin de nos vaillantes flammes
Alors que s'effiloche un peu plus chaque jour
Sans qu'on y prenne garde et à tous petits tours
Le sentiment heureux qui remplissait la trame.

Sonnet III - Déjà l'ombre s'avance en cachant la clarté
Déjà les couleurs nous semblent moins contrastées
Se peut-il que des liens qui paraissaient si forts
Lâchement se dénouent et sait-on qui a tort.
Les regards attentifs se font moins acérés
Nous ne nous précipitons plus pour nous serrer
Dans ces corps à coeur d'où nous émergions tremblants
Nos étreintes sont molles et nos sourires blancs.
Nous qui avions toujours tant de choses à nous dire
Voilà que le silence s'installe et s'étire
Bientôt nous ne nous souviendrons peut-être plus
à quel point nous n'étions de l'autre pas repus
Tu me diras bonsoir en me tournant le dos
Et nous poignarderons nos rêves les yeux clos.

Sonnet IV - Comme la mer dans son reflux s'en est allée
Ainsi nos coeurs lentement se sont éloignés
Mais si la mer revient recouvrir le rivage
Chacun de nous est parti dans son ermitage
Et ne reviendra pas sur les lieux du passé.
Nous avons épuisé la fortune commune
Il ne sera d'aucun recours de ressasser
Pour savoir lequel a dilapidé la thune.
Nous nous regardons froidement sans émotion
Nos destins s'accompliront chacun solitaire
Et à nous voir nous n'avons sûrement pas l'air
De ceux-là qui ont vécu les grandes passions.
Et pourtant cela fut. Mais tout fuit. Et se taire
Est tout ce qui nous reste. Avec ma compassion.