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Martine LADY DAIGRE

Oyez...

Oyez, oyez, citoyens élus,
Le tumulte joyeux des revendications,
Etourdit l'impassible hémicycle,
Oublieux d'un passé tellement proche.
Le tonnerre verbal grondait et s’amplifiait.
La foule dévastatrice inondait les rues de Paris,
Les pavés résonnaient sous le choc des bâtons,
Scandant la rime des godasses
En cette heure révélatrice de l’humeur populaire.
Le peuple affamé parcourait en vain les boulevards,
Dans l’espoir de recueillir quelques miettes des bourgeois.
S’étaient levées tôt,
Ce matin,
Les femmes avec leurs enfants accrochés à leurs jupes.
Elles n’étaient pas endimanchées,
Elles n’avaient pas ce loisir.
Elles réclamaient le pain salvateur de bien des souffrances
L’ardeur de la mission les électrisait,
Tel un orgasme révolutionnaire.
Sur leurs visages se figeait un regard décideur et glacial,
Que n’attendrissaient pas,
Les mots doucereux de la noblesse bourgeoise.
Bras tendus et poings levés,
Elles encourageaient les hommes à les rejoindre,
Et,
Leur nombre grandissant,
Bientôt plus de mille seraient.
Elles enjoignaient les soldats à leur livrer passage.
Le serpent de la discorde rampait vers la forteresse.
La clameur envahissante s’identifiait aux trompettes de Jéri
Présageant une vie de réjouissances.
Là bas,
Dans la sécurité de ces vieux murs calmes et isolés,
Un homme,
Devant son écritoire,
Avait ouvert les pages d’un manuscrit,
Traçait quelques mots d’une main habile à manier la plume :
Rien à signaler en ce jour du 14 juillet 1789.