La fillette avait natté ses cheveux d’ange, Aucun sourire ne fleurissait sa bouche. Dans le grenier s’éleva une musique étrange Comme le bourdonnement d’une mouche.
Le vent au dehors frôlait le grand mimosa. On entendait pleurer doucement un violon. L’enfant au casque d’or tendit ses bras, Offrande d’amour comme un frêle papillon.
La vieille malle en osier bailla de surprise Quand des mains de l’enfant barbouillée de rimel, Debout dans la pénombre incertaine et grise, S’envola un nuage d’hirondelles.
Hirondelles de velours aux ailes couleur sang, Par la lucarne d’un seul coup disparurent. Tandis que l’enfant immobile dans l’air transparent Baissa les yeux et ressentit comme une déchirure.
L’innocence envolée, elle se sentit prise au piège. Le vent s’était calmé, mais l’orage allait bientôt gronder. Une pluie de larmes inonda le visage d’une pâleur de neige Quand elle s’effondra de honte, petite poupée brisée.
Elle était si fragile et gracile dans sa robe de dentelle Que les rats du grenier se sentirent fous de rage ! Des éclairs rouges s’allumèrent dans leurs prunelles Quand ils se glissèrent sans bruit dans la chambre de l’étag
L’homme ronflait la bouche légèrement ouverte. Il flottait dans la pièce l’odeur assassinée d’une enfance. Les rats doucement s’approchèrent de la gorge offerte Et vengèrent celle à qui le père avait volé l’insouciance.