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Martin PETIT

Souvenir des Balkans

Parti loin de chez lui avec bagages et bardas
Investi de défendre la vie quel lourd mandat
Déposé au milieu de l’enfer pour y faire la paix
Ne sachant trop quoi faire devant le sang encore frais
Témoin du génocide des massacres dégueulasses
Du ménage par le vide et du claquement des culasses
Nettoyage ethnique où ils tuaient à l’aveuglette
Ils parlaient de politique les innocents victimes de racket

Les ruines d’églises centenaires et les saoulards
Putain la guerre et les mercenaires qui pour des dollars
Effaçaient des vies humaines et s’esclaffaient du désespoir
Comment se prépare t’on à la haine et aux déboires
Des pauvres rescapés qui cherchaient refuge à la xénophobie
Pleuraient leurs fils au combat tombés pour la liberté d’un
Ces gens qui affichaient à leurs fenêtres les drapeaux noirs
Des fragiles êtres enveloppés dans leurs linceuls

Mais que faisions nous là échappés dans un puit sans fond
Au milieu de la machine à tuer propulsés sans un son
Acteurs dépendants de l’article six des nations unies
Joueurs impuissants précipités dans la rixe et la tuerie
Quand je repense à toutes ces tristes heures
Devant toute la violence qui me brisait le cœur
Aux légions de macchabées devant nous alignés
Scènes pénibles à regarder quelle horrible calamité

Et toi as-tu déjà senti l’odeur des hommes laissés là
Crois-moi c’est l’horreur de les voir raidis à leurs trépas
Sais-tu ce qu’est la guerre de voir les types tomber
Je ne peux taire la colère qui vient me hanter
Dieu tout puissant seigneur du ciel
Pourquoi le sang des hommes à l’autel
Je perdis mon innocence devant les carabines
Pourquoi la violence le flot d’hémoglobine

Périr pour un drapeau est-ce sensé
Tombent les hommes pour des mots à fleur de politisés
Où commence la démence où se termine la peur
On assassine l’enfance et on cultive la rancœur
La grande faucheuse est passée et dans son sillage
Bien des mères endeuillées les mains au visage
Aujourd’hui amoché je philosophe
Ébranlée par les rafales de kalachnikovs

Désormais pacifiste résolu ces lignes j’écris
Pour que ne se reproduisent plus les grandes tueries
Je sais c’est fou et rêverie que c’est trop demander
La guerre lucrative industrie bien des sous peut rapporter
Condamnés nous sommes à contempler le monde
Dans la mire des hommes et de leurs bombes
La paix ne paie point la mort nous guette
Tant qu’iront les fantassins le doigt sur la gâchette.