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Martin DOWLE

Sans mère

C’était un lit douillet aux parfums de fraîcheur
Où j’aimais chasser les éparses chaleurs du corps.
Les trouvant, me blottissant, je repartais sans peur,
Puiser en ses confins de bien étranges réconforts.
Bien plus qu’un lit sec aux draps multicolores,
C’était le nid des rêves d’où s’envolaient mes songes.
Vers un royaume de plaisir où mes sommeils furent d’or,
Où je dormais, soupirant, là où aucun mal ne ronge.

Mais dans ce chaud palais doré quelque chose m’a manqué..
Le soir aucune mère n’était venue me border.

Tout près d’une maisonnette aux pierres anglaises,
Petit cottage
Dans un léger bois niché, un arbre fuyait la terre.
Je cherchais voyages, évasions dans ses feuillages,
Y trouvant un doux refuge dans l’austérité des hivers.
Et quand les cieux, exaltés, caressaient les vertes
Natures
De leur blancheurs glacées qui masquaient les passages,
Je courrais les explorer, m’inventant des aventures,
En découvrant, de ce nouveau monde, les secrets paysages.

Mais le soir, bien au chaud, devant un feu embrasé,
Il n’y avait pas de mère à qui conter mes échappées !

C’était un chemin fleuri où chaque jour je vaquais
Vers des lieux studieux aux gais accents ludiques.
Et le soir en marchant sur la même voie je ressassais
De distrayantes images aux brûlants accents épiques.
Les sagesses étaient pures ! Les jeunes talents intègres
L’imagination brillait alors tel un grand miroir trompeur
Rendant même drôle l’orthographe et intéressant l’algèbre
Sans effort l’ignorance se comblait d’onctueuses saveurs.

Mais de savoir me semblait vain, de comprendre insensé
S’il n’y avait pas les doigts d’une mère pour m’apprendre
à compter !

Loin, si loin de ces lieux de jeu d’antan,
Là où des pierres peu à peu font oublier les doux cocons,
Sous un gris ciel sans beauté où tout doucement un enfant
Devient homme et paie de son insouciance la rançon.
C’est le prix à payer pour gagner les grandes heures
De noblesse, de sagesse ; Quel effrayant dilemme !
Troquer l’arbre se connaissance contre l’innocente candeur
Ou demeurer le même enfant sans pouvoir rester indemne ?

Mais à quoi bon grandir vers un achèvement espéré
S’il n’y a pas les yeux d’une mère pour briller de
Fierté ?

Cergy, avril 1998