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Martin DOWLE

L'appel d'un soir rouge

1) Le vagabond.

Sans but et vagabond je me rendis sur une falaise,
Assister au crépuscule à la mort d’un jour d’été.
Enivré de désespoir je fus cueilli par les braises
D’un ciel agonisant qui d’un rouge vif s’éclatait.

2) Le crépuscule.

Les nuages étaient de feu ! La mer bleue se lacérait,
Se tranchant de son écume, dans la panique, des entailles.
Son dernier soupir la portera jusqu’à la baie
Où la falaise la brisera, répandant toutes ses entrailles.

Spectacle fascinant que cette mer mutilée !
Frémissante de douleur elle implorait sa mort,
Au soleil éblouissant qui tout doucement fuyait,
Laissant la mer brûlante consumer son triste sort.

Rouge couleur du feu ! Rouge couleur du sang !
C’est une symphonie macabre où chaque note loue la mort !
Attiré par le vide je voulus honorer ce chant,
En expirant avec la mer, sur les rochers broyer mon corps...

3) Naissance nocturne.

Puis une étoile apparut comme pour épier ma détresse...
Pour assister, sereine, à une mort dérisoire !
L’impitoyable souveraine qui méprise toute tristesse,
Déclara impassible : « Que la nuit succède au soir ! »

Et le hurlement lugubre d’un vent traumatisé,
Sembla porter en son sillage des promesses de néant.
L’eau incandescente but en elles l’éternité,
Et la nuit s’engendra dans en un cri d’enfantement.

Puis le vert d’un rouge noyer se dissipa dans le voile noir
Du ténébreux crépuscule que les horizons propageaient.
Puis plaines et verdures et la vallée tentaient de croire
Que survivraient en leurs seins les lumières naufragées.

Et l’océan blessé se balança pansant ses plaies.
La falaise, son bourreau, sans cris, se rendit.
Les ombres qui dansaient en un instant se sont figées,
Saisis et surpris ; tous furent glacés par la nuit.

4) Le réveil.

Moi même, inconscient, dû requérir ma raison,
Qui par l’appel d’un soir rouge fut éblouie un moment.
Puis contemplant la scène je fus couvert de frissons,
Réalisant que sur la plage aurait pu couler mon sang.

Cergy, Mai 1997