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Martin DOWLE

L'ange déchu

Je vaque en ce jour comme une ombre perdue,
Qui même sans lueurs brille comme les ténèbres.
Je vaque, vagabond, tel un ange déchu,
Tête baissée, dos courbé, lugubre, funèbre...

J’ai chassé, harassé, le nouveau millénaire,
Qui pointait, trompeur, ses meilleurs avenirs,
Puis les cachait, terrés, dans les sables centenaires
D’un passé mouvant s’enlisant vers le pire.

Mais un prophète dévoila toutes à nues ses facettes :
Son empire, ses sujets et son mal profond,
Ses maladies incurables, ses deuils et ses fêtes
Mortuaires et morbides jouées en ses bas fonds.

Où j’aperçus sa beauté, atrophiée et béante,
Dissoute dans la laideur comme dans un acide.
Egérie fondue dans l’amertume brûlante
De rayons nucléaires coulant d’étoiles torrides.

Rien n’a survécu ! Traumatisme absolu !
Et le monde entier même ne put contenir
La vague déferlante de douleurs aiguës
Qui soufflait violemment une envie de mourir.

Mais je n’ai pu m’arrêter ! Le large fut si vaste !
Le ciel si ouvert ! Mes yeux si avides !
La fureur m’aveuglait mais mon cœur encore chaste
Me poussait à poursuivre d’un pas sûr et placide.

Je voulais voir au-delà ! Oui marcher encore,
Naviguer, creuser tel un soldat sacrifié !
A la solde du bien, j’eus offert mon seul corps
Pour en échange, visionner l’utopie : La paix !

Mais cette quête fut inutile et parsemée d’angoisses ;
Elles mêmes labyrinthes aux chemins infinis.
Et mon âme refoulait, blasée et si lasse
Des milliers de pensées aux relents de pourri.

Ah maudit Graal ! J’ai traqué le néant
De péchés éternels, ambiguës et abscons.
Summum des vanités : le plaisir inconscient
De la mort à ma vie s’est posé tel un pont.

Et je fuis, en ce jour, tel un libre radeau fou,
Fragile, impulsif, suicidaire, frénétique,
Voguant, impuissant, titubant ivre saoul,
Pour oublier la vision des ces ères dramatiques.

Cergy, Octobre 1998