La source m’a dit…
La source m’a dit lorsque je baignais, enfant,
Mes deux pieds endoloris dans son eau claire,
Elle a murmuré comme en passant, dans le vent,
On croit entendre un doux chant dans la bruyère.
Elle a chanté des mots ronds comme des perles,
Des bulles qui pétillaient des clapotis jaillis,
Des roches roses où s’ébattaient des merles,
Qui, au petit matin, mêlaient leurs mélodies.
Elle a dansé des entrechats en caresses,
Le long de mes mollets comme des fils de soie,
Qui cueillaient chaque note de ce collier de liesse,
Et que j’entortillais tout autour de mes doigts.
La source éternelle, dont je faisais connaissance,
Dans cet âge si jeune, désireuse de savoir,
M’a baptisée de gouttes de son puits de science,
Mirage de sagesse, alouettes aux miroirs.
Elle a conté mes rêves comme des images,
Qui s’évaporaient dans l’éther, arc coloré
Aux superbes lumières, énergie qui voyage,
Sphères savonneuses aux nuages évaporées.
Elle m’a bercée, mes belles illusions futures,
Tout tendrement afin que je ne me blesse,
Et je laissais glisser ma longue chevelure,
Et de ses mains de fée, elle en faisait des tresses.
Ce chagrin qui me prit dont je ne me console
Voir les ans froisser le lien de ma mémoire,
Et disparaitre ainsi qu’un papillon s’envole,
Les secrets que la source m’avait dit un soir.
Ou un matin ? Je perds la mémoire…
