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Marie LUCAS

Pour Antoine

Sans savoir dessiner
Je les ai vues

C'étaient de grandes brebis chauves
Elles avançaient sur des pattes de bois
Comme des quilles

Ni blanches
Ni noires
Pas vraiment un troupeau
Ou alors quelques unes
Elles arrivaient de loin
Sans vraiment courir

Je n'ai pas eu le temps de fuir

Ce qui me regardait
C'était leurs yeux
C'était rond et brillant
C'était l'angoisse vivante
Qui cloue
Qui frigidifie
Et glace

Et par là m'enlisait
Aux confusions sublimes
D'un cerveau incrédule

L'horizon tout vert autour
Faisait comme beaucoup d'herbe
Elles auraient pu goûter
Non,
Elles avançaient
Quilles raides
Ni marchant
Ni sautant
Ni courant

Et le vent n'avait pas de refuge
A leurs dos
Tout veloutés de rose
Un peu cochon

Des anneaux à leurs oreilles
Couchées
Scintillaient quand le soleil
Accrochait sa lumière
Entre deux nuages bleus
Et une lune comme un crochet
Pour piéger les ballons

Il était là
Juste là
Dormant comme un enfant
Aux rêves roses
Dans le creux courbe
Qui le retenait
Comme la main
D'un très grand père très tendre
Arrêté un moment sur le chemin du retour