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Marie-Gabrielle FORGACH

Garce

Lorsqu’à tes yeux, sale con,
J’ai vu perler la nacre argentée,
Moi, la garce douce adulée j’ai plié,
Ma main à la tienne confiée,
Malgré la distance éloignée,
Un bras tendu vers ta proximité.

Prends garde, sale con, prends garde !

Un jour, de tes yeux bleu affolés,
Coulera une rivière éclatée,
Et de rage, te dirai-je, de rage,
Mets-y, sale con, mets-y,
Le souffre et la douleur,
La chemise déchirée,
Du mineur,
Le casque et le piolet,
Sa peine et son salaire,
Charges et noire misère comprises,
Le charbon noir, la colère, le grisou,
Le noir charbon brut de décoffrage,
Et la rivière même aussi,
Avec ses creux, ses bouillons,
Et même ses alluvions avec mes allusions,
Qui te diront sans illusion, sale con,
Que pour effleurer le bleu diamant,
Tu devras casquer, plus pur et moins dur,
Que le diamant, tu devras casquer,
Toute une rivière de diamants,
De tes yeux qui me crieront,
« Grâce, grâce, vous êtes une garce,
Une garce, une fieffée garce ! ».

Et moi, je répondrai, pauvre noyée :

« Oh ! oui ! garce abandonnée,
Abandonnée, ma main à la tienne confiée,
Parce que je suis garce,
Je suis une garce fieffée,
Coulant au milieu des diamants bleus,
Des jours bien malheureux,
Si ce n’est qu’à ce jour,
Je n’ai fait que deviner,
Un soupçon de nacre à peine argentée,
Ma main à ta distance confiée,
Au mode impératif enfin caressée. ».

«Donnez-moi, petite garce, effrontée,
Donnez-moi donc votre petite main de bébé,
J’ai pourtant tellement de responsabilités,
Je ne puis sans arrêt être ainsi sollicité,
Par une petite garce, au demeurant cinglée
Se refusant à respecter pour un sale con,
Les impératifs affreux de la réalité ».