Tu me disais que tu t’en allais doucement Tu me disais là-bas au pays des enfants Tes yeux sur le rideau semé de soleils blancs Tu me disais et je t’écoutais en pleurant.
C’est comme si mon présent s’arrête à l’hier Je vis l’aujourd’hui, je m’esquive en marche arrière C’est comme si chaque soir j’attends ton retour Je regarde l’heure et m’enferme à double tour.
Pourtant ici tout se languit de te revoir Du fauteuil au bureau jusqu’à la grande armoire C’est comme si Dame Patience tient les rênes De la folle désespérance qui m’enchaîne.
Le microsillon tourne encor sur la platine Le scénario reproduit des maux en sourdine Au triste mime ressemble mon existence Autour de moi tes visages comme assistance.
Ils ont quitté la mer. Il a quitté l’été… Quand il est bruine il dépose ses baisers Délicats et timides tamponnés tout bas… Si le vent souffle il prend sa Muse entre ses bras.
Elle marche sans bruit pour n’éveiller personne Juste le tic-tac des horloges qui résonne Les pièces passées en revue sont toutes pleines De meubles et de souvenirs chargés de peine…
Elle inspecte tout du bout des doigts et caresse De son bien-aimé l’âme empreinte et la promesse Car toute chose et tout objet qu’il a touchés Sont les seuls témoins de leur Amour déchiré !
Nuage ou papillon dès lors il est partout L’un la fait rêver, l’autre lui frôle la joue, L’ombre et la brise qui lui faussent compagnie Démasqueront l’amant en plein songe la nuit !
La joie de l’aurore s’évanouit en pluie Car ses pleurs ajoutent sans fin des jours sans lui ! L’illusion du sommeil apaisant s’est enfuie Seule elle reste avec le silence et l’ennui…
Alors devant sa froide pitance elle pense… Coudes sur table et front sur les mains, elle pense… Paupières closes pour mieux saisir chaque instant Que le destin a relié d’un fil d’argent…
Pour Jacques. M-C D-C 3-11-2018 / 3-11-2020 Pleine Lune