Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Marguerite BERVOETS

Chanson printanière

Le clair soleil, mutin, se lève
Et filtre sous les verts rameaux ;
La brume du printemps s’élève,
Le jardin courbe ses arceaux.

L’herbe drue a jonché la mousse,
Les bourgeons lourds sont déchirés,
Au pied des lilas qui s’émoussent,
Voici les jets en liberté.

Les primevères trop languides
Ont cédé la place au muguet,
Et le chiffon clair de l’oeillet
Nous rapproche des mois torrides.

De la fontaine au pré coquet,
Le mur est tapissé de roses,
L’espalier porte telles choses
Que Cupidon en est distrait.

Il examine l’onde pure
Du ciel qui se dérobe et fuit
Devant son œil anxieux d’augure,
Brillant comme un astre, la nuit.

Et l’agnelet s’ébroue à l’aise,
Le gardien jappe, frais et clair.
Dans les grands bois, on voit la fraise
Darder déjà son jeune éclair.

Les poissons rouges troublent l’eau
De leurs nageoires diaphanes,
Et le godet sonne la diane,
De son bourdon jaune et nouveau.

L’hirondelle est la ménagère
Du nid bohême où se débat
Un mâle ébouriffé et las
Dont l’impatience s’exaspère.

Le serin enchante sa cage,
Répond au rossignol hâbleur
Qui n’est qu’un Marseillais peu sage,
Trop prodigue de sa valeur.

La chenille broute, vorace,
Le chou qui s’y dérobe en vain,
Et sous le vent, espoir fugace,
La chrysalide dort sans fin.

La rose frémit à foison,
Lorsque, vers l’aube, un papillon
Tire d’un accueillant calice
Trop de parfums ou de caprice.

Le chêne étire au loin ses branches,
Agite son feuillage épais,
Et sous les cent écorces blanches
Son sang bouillonne, tendre et frais.