Dépouillés de leur grâce et la tête chenue, Ils n'ont pour se vêtir qu'une sobre tenue : Un drap blanc sur les pieds et, entourant leur torse, Une couche de gel sur un manteau d'écorce, Les arbres de mon jardin.
Telle une carapace impossible à percer, La glace sert d'écale à leurs rameaux gercés, Et, perlant à leur bois, des larmes de cristal Les font étinceler d'un chagrin végétal, Les arbres de mon jardin.
La mésange est partie vers d'autres amourettes, Le grillon ne veut plus chanter son opérette, Victimes de décembre et de l'ingratitude, Ils réveillonneront avec leur solitude, Les arbres de mon jardin.
Les cloches de Noël semblent sonner le glas Du gazon prisonnier de l'étouffant verglas, Et ils portent le deuil dans une robe blanche, En hommage à l'ami qui se meurt sous leurs branches Les arbres de mon jardin.
Le mois du Capricorne est un chemin de croix Qu'ils suivent sans bouger, emmitouflés de froid, Mais face au fier sapin insolent de splendeur, Ils restent majestueux et beaux dans leur laideur, Les arbres de mon jardin.
Car l'hiver tirera un jour sa révérence, L'herbe, les fruits, les fleurs germeront à outrance, Les feuilles dans le vent reprendront leur manège, Et Cybèle fera renaître de leurs neiges Les arbres de mon jardin.
