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Manuel VICH

Madrid

Un salon,
Baigné de demi-teintes,
Un salon qui bruisse du mouvement de la ville
De rires, de cris, de compliments et de chants
Remontant jusqu’aux persiennes de l’étage
Sous une chape de soleil.
Toujours le même salon,
Et son odeur si particulière
Vivante
Comme celle de l’enfance,
D’un père et d’une mère
Du passage d’êtres familiers.
Tout intérieur à son odeur
Qui embrasse chacun.
La pénombre créée par des stores baissés
Enveloppait l’indéfinissable géométrie de la pièce.
Je me souviens d’un fauteuil,
Posé là
Comme une ile
Immergé dans son histoire.
Un tapis sur le parquet ?
Et nous deux assis
Soit en tailleur
Ou bien sur nos talons
Presque en face l’un de l’autre.
Nous parlions ;
Le présent s’arrêtait là où haletait déjà l’avenir
Nous attachions nos regards
Déjà sur d’autres rives
Plus en avant que celles de l’adolescence.
Tu semblais déjà à l’heure
De seize heures
Vouloir te frayer un chemin par-delà
L’absence du monde des adultes.
Un silence,
Puis un moment d’agacement,
Une pensée, plus vive encore
Éclaircit ton regard
Posé.
Soudainement
Comme un couteau glissé
Au creux de l’omoplate.
Tu me dis
Ton désir de devenir danseur.
Je savais peu de la danse,
A Jean-Marc Matos (danseur)
Mais ta conviction annoncée
Affirmée
Me confondit.
J’écoutais
Du peu que je connaissais de ton tempérament
Ce soudain fracas
Fait de mouvements, de musiques,
Et de sons,
Qui seraient répétés plus tard.
J’écoutais ton désir ;
Et scellait sur lui ta propre détermination.
Aussi, plus tard, très souvent
Pensant à toi,
J’accompagnais de mes vœux