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Manu GIBERT

à l'a-vie

Vivre l’a-vie

(« Sans la musique, la vie serait une erreur » Nietzsche)

La vie est solitude qui nous est imposée,
Comme un fruit du hasard sans la nécessité.
Aimer la vie ? Pourquoi ? Qu’a-t-elle d’intangible ?
On nous inflige ainsi comme de l’indicible,
Alors qu’avant de naître on n’a rien demandé !
Vis donc ! Bats-toi ! Avance ! Bondis de ta tranchée !

Pourquoi la punition : voir le jour un beau jour,
Alors qu’en non étant, on avait le toujours ?
Pourquoi la catapulte, le coup de pied au cul
Nous forçant comme un viol à vivre tant et plus ?
C’est comme un gaspillage, un trop plein d’énergie,
C’est un gavage d’oie que, passif, on subit !

Qu’y a-t-il d’intéressant à cette obligation,
A ces coups de fouet d’auto-persuasion ?
C’est une viande sèche qu’on force à avaler,
Un devoir ennuyeux que l’on doit terminer…
Alors qu’on voudrait dire « putain, fous-moi la paix ! »,
On nous oblige à vivre – Mais qui l’a décidé ?

Objecteur de conscience, je voudrais en sortir !
Pouvoir enfin dormir, à jamais mais dormir !
Mais la mort est tabou, surtout via le suicide :
Se libérer tout seul c’est être trop lucide.
Et puis ça rend jaloux : on part en égoïste,
Infligeant un miroir aux survivants lampistes…

Que ce déterminisme, psychique et biologique,
Voulant que l’on doit vivre est bien tautologique !
« Je suis celui qui est », « C’est beau c’est beau la vie »
Que ta prison est belle, c’est Dieu qui l’a choisie !
Aime-la à ton tour, et force-toi un peu !
Sois fier de cette idole que l’on t’impose au pieu !

Que vous ai-je donc fait pour ainsi m’en vouloir ?
Qu’est cette religion avec ces encensoirs ?
Avant je n’étais pas, ne dérangeais personne !
Pourquoi avoir un jour enfanté une conne ?
Et me voilà sur terre comme une punition !
En plus faut que je m’aime, que j’apprenne leçons !

Ecole, armée, papiers, jeux, sport, argent, manille !
Repas d’ennui sans fin, le dimanche, en famille !
Blaise Pascal avait tort par son « divertissement » :
En disant « diversion », c’eût été plus frappant !
Roule, marche, galère ! Accroche-toi, résiste !
Mais c’est pour gagner quoi ? Encore un tour de piste ?

Qu’elle aille se faire foutre, cette vie hypocrite !
Elle et son vieux complice : l’amour, pute prescrite
Par un faux médecin sur la vieille ordonnance
Qui veut qu’en plus on doive infliger descendance !
J’ai failli tout quitter, j’étais même en retard !
Tout lâcher pour m’enfuir – Et puis il y eut Mozart...