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Mahdaoui ABDERRAOUF

Secret.

Eh bien, oui . . . Je l’admets !
Depuis longtemps je t’aime en secret. . .
J’étais comme frappé par un décret.
Je me devais d’être discret
Quand je me tenais muet
Là ; à quelques jets,
Caché dans le bosquet
Qui tourne le dos à la forêt
Peuplée de chardonnerets.
J’étais drôle avec mon bouquet.
J’avais à la main des bleuets ;
Des fleurs des champs, des genets
De la fougère et quelques œillets,
Et je te regardais inquiet.
Moi, je me croyais coquet ;
Toi, tu étais si belle avec tes colifichets
Et coiffée de ton joli bavolet.
J’étais toujours aux aguets
Avec ce qu’il faut de respect
Et la distance que la bienséance permet.
J’aurais été un vrai benêt
Si j’avais joué de mon galoubet.
Il y avait dans ma poche, un livret
Dont chaque feuillet
Contenait un sonnet.
Je les gardais hélas dans mon gousset.
Je ne me sentais pas le toupet
De te faire subir le camouflet
D’une présence sans objet
Fut-elle celle d’un baronnet,
Ou de troubler tes projets
Alors que je suis ton valet.
Quand je m’en allais à regrets
Pour retrouver mon chalet,
Je faisais souvent un crochet
En évitant de faire peur aux daguets
Et prenant garde aux farfadets
Qui me croisaient sur mon trajet.
Je rentrais heureux, sous le courcaillet
Lancé par les cailles pendant leur ballet.
Le soir, devant mon chevalet
En copiant sur mon carnet,
Je me rappelais la finesse de ton poignet.
Je m’appliquais alors à dessiner ton bracelet
Et à faire l’éloge de tes traits doucets.
Malgré mon talent qui promet
Il n’y avait sur la toile, que le pâle reflet
De ton doux visage d’angelet.
Je n’ai jamais eu grand budget
Et ainsi, jamais eu beaucoup de billets,
Mais, t’inviter à un énorme banquet
Devant une table aux savoureux fumets,
M’a fréquemment rendu guilleret.
Je pense souvent à un cabaret ;
A une auberge ou un estaminet.
J’imagine un somptueux buffet
Dignes des plus fins gourmets.
J’imagine plusieurs mets.