Tu es celle qui hante tous mes rêves. Tu me tiens inquiet et haletant Jusqu’à ce que la nuit s’achève. Je ne t’ai rien fais, et pourtant . . . L’aurore qui pointe en est témoin ! . . . Pour moi, c’est du repos en moins. Pendant la journée apparemment sage, Je suis poursuivi par ton image. Je sais alors les heures qui vont suivre Et les tourments que je vais vivre. Et toutes les nuits ça recommence ; Et c’est toujours la même pénitence, Car je ne peux me dépêtrer de la toile Que tu as su tendre pour me piéger. Dans leur firmament, les étoiles Qui ont pour une fois décidé de siéger, Jugent de la cruauté de ton étreinte Et s’apitoient sur ta victime expiatoire Dont les morsures blasphématoires Ne se sont toujours pas éteintes. Je te l’accorde ; je m’aperçois un peu tard, Que tous tes sourires et tous tes regards N’étaient que les prémices du pire danger. Quant à tes yeux qui te font adorer, Ils ne sont en rien étrangers Au stratagème que tu as su élaborer. Depuis, certaine de ta beauté diabolique Qui te confère un pouvoir sardonique, Tu te sens prééminente et pleine d’orgueil Lorsque tu me vois gesticuler Tentant de me libérer pour faire mon deuil Des mots que j’avais peur d’articuler En maudissant ton souvenir assassin. C’est vrai, l’idée de te posséder enfin M’a effectivement souvent effleuré, Mais j’ai trop souffert et beaucoup pleurer Pour continuer à espérer dans la douleur. . . De plus, je ne veux plus être ton bateleur. A cause de ma naïveté liée à ta fourberie Et dés le début de ma quête éperdue, Je ne me suis pas douté du malentendu Qui m’a plongé dans cette triste closerie, Privant mon ciel de sa belle couleur. S’il te plait, va-t-en hors de mon cœur. N’étant pas du genre querelleur, Je t’assure que je n’aurai plus de rancœur Si tu me rendais ma liberté chérie Que j’avais sacrifiée à une fausse égérie.