Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Mahdaoui ABDERRAOUF

Où êtes-vous ! . . .



Toi, ma tante sans cesse adorée . . .
Et vous, mes deux oncles soleil . . .
Où êtes-vous partis par un jour sans pareils ?
Vous que j’ai tant aimés et tant pleurés,
Où êtes-vous depuis toutes ces années.
Vous qui avez bercé mon adolescence,
Vous avez profité de ma longue absence,
Pour laisser la méchante vous emmener.
Celle qui n’a jamais eu aucun égard
Vous a ôtés pour toujours à mon regard.
Envahi par une douleur qui m’égare,
Je déambule le teint blême et les yeux hagards
Depuis que j’ai appris votre départ.
Je suis allé voir mes plus lointains cousins ;
Ces derniers jurent que vous êtes quelque part
Et que j’aurais plus de chances au-delà des remparts. . .
Rien ! Je suis même allé voir tous vos voisins.
En dernier recours, je suis allé dans notre jardin
Dans l’espoir de retrouver ma jeunesse perdue.
Hélas, j’ai trouvé les lieux changés à perte de vue,
Comme s’ils avaient été saccagés par un gredin.
Les fleurs étaient toutes habillées de tristesse
Et ne me souriaient plus comme quand j’étais petit.
Je me suis senti atteint à mon tour par la vieillesse,
Quand j’ai vu les arbres n’abriter plus aucun nid
A cause de leurs pauvres corps décharnés.
Le spectacle n’ayant rien pour me fasciner,
Je me suis senti fatigué, déçu et à bout d’espoir.
Résigné, je me suis alors assis parmi les pierres
Et j’ai tout de même compris après la tombée du soir,
En songeant à toutes les joyeuses années arrière,
Que désormais, rien ne sera plus comme avant.
C’est en pensant à vous très fort et très souvent
Que je vais tâcher de vivre dorénavant.
Tandis que monte le chant de l’engoulevent,
La nuit se fait pressante et me demande de rentrer.
Moi, je n’aurais jamais dû quitter la contrée
Et vous, vous êtes partis emportant mes jeunes années
Pour me signifier que moi aussi j’étais condamné.
Le cœur endolori, j’accepte votre verdict
Mais je ne vous en tiens pas pour quittes
Parce que je ne le vous pardonnerai jamais.
Je garderai au fond de moi, l’amère certitude
Que c’en est bien fini de mes anciennes habitudes.
Disparue ma vie d’enfant entouré, désormais.