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Maéva JOLY

Damnée (La Mer).

Ses longs voiles noirs s’agitaient,
Au balancement de ses hanches.

Elle cachait ses pleurs, elle tuait sa peine
A coups de rires faits d’une folie austère ;
Elle marchait en vain et ravalait la haine
Qui infiltrait son cœur de ses parfums amers.

L’écume s’échouait devant
Ses yeux trop gris, sa peau trop blanche.

Elle dansait son corps, elle criait son être ;
Gestes incontrôlés, Vie que le temps desquame,
Sa transe la menait là où la pluie pénètre
Au-delà des haillons, jusqu’aux tréfonds de l’âme.

Sa poitrine se libérait,
Elle exhibait ses courbes franches.

Et les vagues sans fin, va-et-vient incessant,
Devenaient le miroir de ces nuits qu’elle offrait –
Ces soirs au goût salé, saveur de l’océan,
Faits des peurs, de ces larmes qu’elle s’infligeait.

Elle lui délaissait son corps –
Charnels plaisirs le mal épanchent.

Torrentielles, les lames lui brûlaient la peau ;
Elle s’en délectait, contradiction divine !
L’averse lui rendait par milliers ses sanglots –
Voyez les tremblements des lèvres libertines !

Le ressac devenait brutal,
Mais la barque loin d’être étanche.

Isolée, débauchée, abandonnée de tous,
A la mer se rendait cette femme souillée ;
Elle rêvait la Mort, désirait ces remous
Qui briseraient ses os et noieraient ses péchés.

Dans un dernier élan d’espoir,
Son courage faiblit puis flanche.

Elle lève les bras, abaissant les paupières,
Puis court et court encore, sans jamais s’arrêter !
La tristesse l’aveugle – les griffures de l’air
Son visage lacèrent en murmurant : damnée.

Ses longs voiles noirs s’agitaient,
Au balancement de ses hanches.