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Maéva JOLY

Brume, les Voyageurs (1).

Il la prit, il la tint, enfin il l’enchaîna.
De son absurde poids, de sa risible force,
Il la serrait toujours, il l’étouffait déjà,
Son sang était la sève et sa peau nue l’écorce.

Elle tendit la main, sa main qu’il refusa,
Tout en la convoitant jusqu’au fond de son cœur ;
Elle offrait sa pitié, il donnait sa noirceur,
Mais la berçait pourtant au doux creux de ses bras.

Ce héros sans patrie, ce chevalier sans terre,
L’enlevait tendrement, l’ôtait à son passé ;
Elle sentait sous ses pas les rochers la blesser
Pourtant elle se taisait, marchant vers les frontières.

L’homme la consolait si elle pleurait parfois,
Au son de sa voix grave, elle se reposait.
Noblesse déchirée ou barbarie sans loi,
Comment imaginer que ces deux fous s’aimaient ?

Ne s’échappant jamais de sa solide emprise,
La fille s’évadait en chantant ses tristesses ;
Ses mélodies peinées touchaient l’âme en détresse
De ce geôlier sans nom qu’encore le mal enlise.

Il tenta de la prendre pour quelques baisers,
Mais elle s’y refusa, chaque soir, chaque nuit.
Sa chair le rendait fou, pourtant il se rendait
A ses moindres désirs, de peur qu’elle ne s’enfuie.

Il espérait l’amour, elle espérait la paix ;
Elle ne voyait en lui qu’un compagnon de route…
Hélas ! L’homme transi, bien qu’envahi de doutes,
D’une ardente passion pour elle se consumait.

Pour le laisser y croire, le méprisait-elle tant ?
L’aube amena la neige, sa magie apaisante ;
Elle s’approcha de lui, ses lèvres l’effleurant,
Avant d’en éloigner sa bouche rougissante.