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Lutz Albrecht QUAMBUSCH

Gaston Chaissac

Gaston Chaissac- cher confrère
Ton pauvre corps est enterré,
Tes mots et coups de pinceaux irréalistes,
Comme disaient certains moralistes
Ne cessent pas de nous étonner.
Tu peins plutôt les pieds du buffet
Au lieu de croire que Dubuffet
Aurait à t‘envier des choses,
Vous êtes tous les deux en métamorphose
Constante d’une idée de cirrhose,
Vous faites tomber l’art dans une chute
Qui le ramène à l état brut –
Voilà un peintre qui écrit,
Et un poète qui peint,
Il avance sur ses mains
Et ses pieds touchent le ciel,
Ses sabots retiennent la lune,
Ses étoiles sont les mots ,ils lui servent d’échelle
Pour monter au royaume de son amertume-
Gaston à Gaston, quelle imposture, Gallimard et Chaissac, un
Une lettre écrite avec beaucoup de malice
En dixneufcent quarantesix.
Gaston Chaissac à Gaston Gallimard......Monsieur...(.et lect
Ensuite tu entames une infraction linguistique
Qui ne cesse de piquer les académiciens comme un ignoble mou
Tu détournes les mots pire que Mallarmé,
Ou les poètes Dada, qui étaient mal armés
Contre ton génie épistolaire,
Tu es assis à cette table scolaire,
Tes sabots plein de bouse,
Et tu inventes les mots avec –« ouse » -donc un chapitre de
Qui laisse ses traces, et qui perdure-
Tout commence avec le mot VINASSOUSE-
Ton texte-« Au pays de la calotte vinassouse-«
Est fait pour te ranger parmi les mangeurs de curé ,
Et ensuite tu ne peux autrement qu’ajouter des mots comme pe
Et footbalouse, Mulhouse, blouse, vire-bouses et péquenouses
Tu épluches tes mots ,tu les presses comme des citrons,
Pour donner une touche de lumière à tes vers
Comme une fleur avec des mots que les Grands Dictionnaires i
Tu es un parolier bavard-
Sur ta vie, comme sur du papier buvard
Tes lignes s’étalent avec une précision diffuse,
Et tu refuses
Tu es né à Avallon,
Et quand tu avais seize ans ,
Tu es allé à Vix, à Boulogne, pour ta santé légère,
Une vie d’errant, un Hippobosque au bocage ,
Toi, Gaston, en érudit paysan ,solitaire et sage.
Je vois la photo de Robert Doisneau,
Où tu regardes la vaches depuis ton vélo-
Et celle dans la cuisine, prise d’en bas, avec des grands sa
Tu me rends l’envie d’écrire et de peindre,
Et, comme toi, de ne pas me plaindre.