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Lucien LEPORINI

Si je devais partir demain

Si je devais partir demain,
Je laisserais sur le chemin

Tous les printemps, tous les automnes,
Tous les orages d’été qui tonnent,
Les soirées d’hiver monotones,
Tous mes hiers et tous mes demains,
Qui s’envolent en un tournemain.

Toutes les voyelles, toutes les consonnes,
Les heures de la récré qui sonnent,
Tous les élèves qui ânonnent,
Des générations de gamins,
Les partiels et les examens.

Un visage d’enfant qui s’étonne,
Les vagues de la mer qui moutonnent,
Le pommier en fleurs qui cotonne,
MONET, VAN GOGH, RENOIR, GAUGUIN,
Les grands maîtres et leurs consanguins.

L’oiseau dans le froid qui frissonne,
Un vieux paysan qui moissonne,
Une ballerine qu’on façonne,
DEGAS, COURBET, CEZANNE, CHARDIN,
Tous les champs et tous les jardins.

Tous les refrains que l’on chantonne,
Les musiques anciennes qu’on cantonne,
Les chants guerriers que l’on entonne,
MOZART, MALHER, RAVEL, CHOPIN,
Qui gisent déjà dans leur lopin.

Les Marseillaises, les Brabançonnes,
Toutes les fanfares qui dissonent,
Tous les bruits et tous les klaxons,
SATIE, DEBUSSY, BEETHOVEN,
CELINE et tous les écrivains.

Toutes les églises, tous les emblèmes,
Toutes les prières, tous les blasphèmes,
Les pardons et les anathèmes,
Les textes sacrés sur parchemin,
Un jour peut-être, mis en commun.

La fin de mon dernier poëme,
Le livre de Bruno BETELHEIM,
Le voyage à JERUSALEM,
La scupture faite de mes mains,
Toutes mes plantes et mon jasmin.

Ma femme, mon fils, tous ceux que j’aime,
Mes angoisses et mes faux problèmes,
Mes allergies, mon érythème,
Quelques faux-culs, deux, trois copains,
Quand je sentirai le sapin.

La veille, mon dernier café-crème,
Des pleurs, des fleurs, mes chrysanthèmes,
Une messe des morts, mon requiem,