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Louis LAURENCELLE

Théodicée

Dans les derniers jours du printemps
Je l’emmenai dans la campagne où tout embaume
Nous promenâmes l’incurie
Au cours d’yeux étonnés et d’oeillets lumineux

Dans les champs de foin pleins de vent
Le soleil secouait les tiges vigoureuses
Il n’existe pas de baisers
Que je ne lui donnai dans l’ombre de son corps

La saison vermeille venait
La canicule était le faîte de nos fêtes
Et des fontaines fraîches y
Jasaient dans un concert d’eau limpide et de vent

Nous labourâmes notre terre
Le feu de la semence inondant les sillons
Et le boeuf courbé de nos sexes
Mouvant sans y penser le soc et le sol dru

C’était la fin saison. Ma belle
Était belle à mourir dans juin incendiaire
Nous auscultâmes les grands arbres
Dont frappe comme un poing l’infini battement

Nous basculâmes étourdis
Dans des lacs poissonneux dans des firmaments d’ailes
La nuit nous revenait chanter
Comme un pain comme un vin la Terre magnifique

Telle est la Terre magnifique
Comme un pain comme un vin rompu et répandu
Ma belle avait un corps de vignes
Et sa face et son ventre absorbaient le désir

Chaque nuit nous mourûmes
Au soleil de midi nous mourûmes au chant
Du premier oiseau qui s’éveille
Nous mourûmes encor nous mourûmes au soir

Nous nous baignions les mains après le feu
Par la fraîche ombre des branchages et la face
Par la pluie accrochée aux doigts dans une source
Nos corps se baignèrent de lune

Ma belle avait la tête blonde
Avait les yeux d’azur avait le ventre clair
Dans les derniers jours du printemps
Nos corps prirent les perspectives de la Terre.