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Lionel LOISEAU

Elégie d’automne

Ma vie a son secret, mon rêve un locataire,
Un trésor bien gardé que j'ai appris à taire.
Tout poète, on le sait, fait appel à sa Muse
Pour mieux faire crisser son coeur sur le vélin,
Tel Musset dans ses Nuits, son insatiable Muse
Pétrissant ses tourments de ses mains de félin.
Et moi, Lionel, ici, qui en suis tout griffé,
Je voudrais aujourd'hui vous parler de ma fée.
D'une fée authentique ! Car ma fée n'est point
La pauvre Clochette en sa lanterne enfermée,
La blonde fillette d'un dessin animé,
Ni encor la fée bleue d'un pantin transalpin.
A la fleur du grand vent, des fracas écumants,
On ne lui parle pas, on lui prête un serment
D'allégeance immortelle et de fidélité.
Car le prix à payer pour accéder à elle
Est un engagement d'absolue loyauté:
"Croix de moi, croix de Elle", une foi éternelle.
On s'exprime auprès d'elle avec sincérité
Evitant les mots creux et les banalités.
Platitude et parjure, à coup sûr, sont pour elle
Autant de trahisons qui tuent son beau sourire,
Qui voient sa joie ternir, ses contours s'amoindrir.
Et c'est tout son monde qui se meurt avec elle.
Elle est polyglotte, parle tous les langages:
De l'oiseau dans son nid le tendre babillage,
Ecoute avec son coeur les sanglots des saisons,
Le friselis du vent caressant l'arbrisseau,
Le gargouillis de l'eau pleurant dans les ruisseaux,
Et des mots de la nuit la fragile oraison.
Mais, faut-il l'avouer, celui que je préfère
C'est celui d'un sourire et celui de son frère.
Car le seul vrai langage est celui d'un baiser.
Et sourire et baiser sont unis pour la vie,
Tels la voix et l'écho, les soupirs et la nuit,
D'un inaltérable lien de fraternité.
Terminons d'une touche encor plus personnelle
Ce récit versifié que je consacre à elle,
Ce lambeau de message dicté par ma fée,
Ce menu bout de rien crayonné en riant,
En disant que le soir, je m'endors en souriant
Dans les bras de Morphée, en songeant à ma fée.
Un soir cependant, je m'imaginais près d'elle.
Le sommeil me gagnait, me la rendait plus belle.
J'arrosais de mes yeux des jours naguère heureux.
La nuit était triste, mes draps mouillés de pleurs.
Elle se pencha vers moi, ses yeux étaient radieux,
Du bleu du firmament sondaient la profondeur.
Son parfum délicat comme un oiseau qui vole
Tourbillonnait en moi comme un vivant symbole.
Dans un chant harmonieux - Dieu, que sa voix est douce -
Elle évoqua la mer, une larme qui roule,
La nuit faisait silence et la lune était rousse.
Elle se pencha vers moi et telle une hirondelle
Fuyant le mauvais temps pour des contrées plus belles,
Me serra dans ses bras pour m'emporter au loin
Vers un pays bruni à la couleur de miel
Où mon coeur orphelin se réveille au matin
A l'appel du bédouin rassemblant ses chamelles...