Matin pluvieux
Par un matin pluvieux, sous un ciel bas et gris,
J’avançais sans entrain et maudissant la pluie,
La démarche boudeuse et les idées moroses,
Reprochant à la vie de ne pas être rose.
Le trottoir n’était plus qu’un champ de parapluies,
Les gens se bousculaient, agacés par la pluie,
Accélérant le pas et pressés d’en finir,
Les visages crispés, sans l’ombre d’un sourire.
Puis le vent a mué en furieuses rafales,
Engourdissant mes joues de son souffle glacial,
Et comble de malheur, roulant dans une flaque,
Un chauffard m’a douchée, là j’en avais ma claque !
Je me suis adossée à un mur de boutique,
A deux doigts d’éclater en sanglots hystériques,
Fermement décidée à rebrousser chemin,
Et rester sous mes draps jusqu’au surlendemain.
Mais à l’instant précis où j’allais repartir,
Un vertige infini est venu m’assaillir,
Un parfum délicieux, familier, savoureux,
Qui vous immobilise et vous ferme les yeux.
La porte du commerce venait de s’entrouvrir,
Etourdie, enchantée, j’ai surpris le sourire,
Du jeune boulanger disposant, bien rangés,
Ses croissants encore chauds, gonflés et bien dorés.
J’ai inspiré à fond l’air tiède et odorant,
S’échappant vers la rue, au devant des passants,
J’ai jeté mon cafard au fond d’une poubelle,
Et remercié la vie d’être parfois si belle.
