Il est grand temps...
Pour avoir enlevé, le jour de mes douze ans,
Le papier sur les murs de ma chambre d’enfant,
Afin d’en mettre un autre que j’avais choisi,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour m’avoir emmenée chaque été en vacances,
Y compris les années de fragiles finances,
Profiter de la mer au bord de l’Italie,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour m’avoir protégée tout au long de l’enfance,
Associant fermeté, amour et tolérance,
Ne montrant jamais rien de ses propres soucis,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour sa simple présence aux instants de détresse,
Sans questions encombrantes ou autres maladresses,
Parsemant mon ciel noir de quelques éclaircies,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour être toujours là, malgré le temps qui passe,
Quel que soit le moment, et quelle que soit l’impasse,
Trouvant toujours moyen d’arranger mes ennuis,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour la complicité et l’amour débordant,
Qu’il offre sans compter à ses petits-enfants,
Se laissant chahuter sans froncer les sourcils,
Je ne me souviens pas lui avoir dit merci.
Pour tout ce que j’oublie, en écrivant ce soir,
Tous ces petits bonheurs au fond de ma mémoire,
Et pour être le père que bien d’autres m’envient,
Il est grand temps, enfin, de lui écrire... merci !
