Croyant depuis toujours n’aimer que les yeux sombres, Les regards ténébreux, mystérieux et profonds, Les peaux brunes et chaudes, inondées de soleil, Et l’aplomb insolent des charmeurs d’Italie.
Je vis un beau matin, sous quelques mèches blondes, Un beau visage clair, mi-ange mi-démon , Semblant abandonné au plaisir du sommeil Dans un train de banlieue, nous menant vers Paris.
J’imaginais rêveuse, sous ses paupières closes, Un rayon presque noir, brûlant comme la braise ; Un éclair surgissant du ventre des enfers, Imposant à ses proies la pâleur de la mort.
Je le dévisageais, comme envoûtée d’hypnose, Me sentant hors du monde, entre deux parenthèses, Et j’attendais de voir les yeux de Lucifer, S’illuminer enfin sous cette toison d’or.
Mais Satan ce jour-là était d’humeur taquine Et voulut me surprendre autant que m’effrayer. Lorsqu’il me dévoila enfin ses deux prunelles, C’est un bleu éclatant qui vint me transpercer.
Mon âme en fût brûlée, et submergée de spleen. Je suis depuis ce jour l’esclave condamnée, A ne pouvoir plus vivre sans ces étincelles, Loin desquelles, peu à peu, je me sens décliner.
