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Leonard PECOUT

Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit.

Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit.
Au lieu de cela, j’ai ri
Bercé par l’aurore de la vie heureuse, merci.
Elle qui me sourit, cette inspiration qui tente mon cœur
À s’ouvrir et crier « Que je t’aime ! »
Toi, lune puis soleil, qui m’éclaire et me guide,
Je m’éveille, étincelle de vie, lumière d’évasion et plaisir infini.

Cela m’a pris du temps avant que de reprendre.
Au lieu et heure de ce temps, j’ai ri et bu la vie
Et je n’ai jamais voulu revenir avant
Pour tenter une autre vie !
Source du bonheur reflétant mon être
Je me complais dans une tendre réalité
Et j’envie plus que toi ce que je suis devenu ici.

Merci à toi, de me faire entendre des mots,
Révéler au plus profond de moi-même
Cage qui résonne, s’ouvre et déclame sans peine
Ce que mots je ne sais dire tant j’ai la tête pleine.

Je suis perdu dans un brouillard de pensées
Depuis longtemps je ne sais ce que je dis
Et ce que je veux dire ne m’est plus qu’incertain
Flou des nuages qui s’entortillent en moi
Un serpent fou paniqué suit de près mes pas.

Je n’aime pas ce désarroi, papa, toi qui aime écouter ma voix
Guiderais-tu mes pas perdus ? Oserais-tu me soutenir dans la perdition du sens de ma voie déchue ?
Que n’ai-je voulu dire rien de pire que cela : je suis perdu.
Je ne sais trop quoi penser de mon triste vécu
Et j’en ai l’impression qui mûrit plus encore que je vis
Sans médiateur autre que moi-même, maître de l’ennui, je me perds, je m’ennuie.

Écoute moi te raconter ce qui voudrait guider mes pas.
Laisse-moi seulement parler en mon sein, seul guide qui résonne dans ma cage d’escalier.
Permet moi de te noyer de mots et de paroles écrites,
Que j’exprime ce qui au fond me guette, le doute d’une solitude fantasmée.
Je ne sais plus ce que je suis ni ce que je veux être. Je ne sais même pas au fond qui tu veux que je sois être.

(Vaniteux, oui.
Ignorant, peut-être.
Effrayé, certainement.
Ambitieux, je ne sais pas.)

Un besoin modeste d’écrire s’empare de mon corps.
Esprit corporel, diras-tu que nous sommes fous à lier ?
Je suis déjà lié. Regarde moi parler !
Je n’ai que cela de délier : ma langue et les mots, puissances seules à moi offertes.
Que j’aime à délirer, à délier le flou pour exprimer l’inexprimé !

Si j’expose en ces vers bien trop libérés du temps qui passe dans mes veines,
C’est que j’aperçois ô combien je change, je me modifie et me perds.
Je le sens celui-la, ce moi, las, qui, là, ne sait plus ce qu’il voudra être après ça…
Perte de l’absence, souvenir, réminiscence, contrôle et plus de connaissances.

Où en suis-je à présent ? Je ne sais que trop peu ce que je veux.
Je suis une marionnette et j’en suis le marionnettiste affirmé, condamné par le seul qui puisse le réaliser
Moi, le fou à lier, emprunt de mots naïfs, illettré des temps modernes
Confus devant l’expérience tendre de l’existence,
La jeunesse encore ambitieuse du temps,
L’espoir grandissant d’une célèbre histoire,
Le coup de théâtre, et l’œuvre noir qui voudrait briller devant eux, devant tous, devant soi.

Rage des mots. Voilà ce qu’est mon texte.
Chien lettré enragé : je ne me reconnais qu’avec cela.
Je ne sais pas ce que je suis ou ce que je serais, mais je veux être ce chien là.

Ne crois pas, regarde moi plutôt.
Et ne pense pas à moi si tu prétends réveiller plus tôt
Ton regard égaré devant la foule des gens qui te condamnent
Ou qui te bénissent ? Qui le sera pour toi, à part toi ?

Père, modeste mot d’enfant soumis à l’autorité souveraine de la famille, ne sois pas père.
Pour un fils, tu es un homme plein de défauts.
Rangé, paniqué, frêle et en colère. Tu es celui qui fait de moi un homme fière.
Tu m’inspires et inspire en moi la colère. Chien enragé, écho qui résonne en nous deux !
Moi, je veux l’écrire - Toi, tu veux la vivre !

L’amour d’un père rend à son fils la sûreté d’être.
La perte du fils pour un père assure sans doute la perdition de l’être.
Une filiation étrange que cette vie ici-bas
Insaisissable et inclassable - rendu d’un lien inépuisable - il est devenu roi.

Pourquoi n’agis-tu pas ?
Sois sage, ami. Ne crains pas ce qui fait de toi ce que tu veux être.
Qui es-tu en fait à part celui que les autres ont fait de toi ? Je ne te rend pas la tâche facile, petit poète, non
Je ne sers pas ce que tu aimes
Tu n’as jamais aimé parler de toi - tu en as peur - et tu le sais
Tu es à ta recherche - moi, un jeune homme en conquête de ce qu’il est déjà ? -
Tu crains de devenir autre, plus que toi.

Si j’écris ici ces mots, assure-toi au moins de les prendre au mot :
« N’agis pas stupidement, rend toi fière par tes chants solitaires de gamin ambitieux.
Qui pense l’avenir d’une vie aimerait la reconnaissance de ses pairs, de tous ;
Mais cela ne produira rien d’autre qu’une faible secousse… »

Chanter les lettres du mot « Amour » - douce ironie de la vie ratée de tous, « amoureux » arrachés trop tôt de leur langueur solitaire de penseur amer
Quelle est cette pensée qui me retient ici ?
Pourquoi ne suis-je pas déjà parti ?

Il est beau l’homme qui voulait devenir roi !
Et tout ça pourquoi ?
Tu cherches à être celui que tu n’es pas
Et tu te complais dans la richesse frivole où t’ont amené tes pas.

Tu ne parles que très peu. Pourquoi ?
Je ne sais pas. Je n’ai pas besoin de te dire ça va ? pour sentir que tu ne vas pas.
S’il m’est possible de penser au silence pur alors je n’ai pas besoin de l’exprimer en mot.
Donc que faire à part me taire ?

Je me demande au fond ce que le silence m’apporte.
Au vrai, nous sommes des êtres de parole : l’homme n’est-il pas sur terre pour se complaire dans des échanges a priori compères ?
Car, il ne me semble bien qu’au contraire, nos discussions ne sont que des monologues de solitaires
Apparition maligne d’une discussion ou ce besoin égoïste de dire ce que l’on a au fond de moi.
On prétend écouter l’autre pour revenir sur soi
Inlassablement l’on dévore ce qui n’est pas soi - rage intérieur du surmoi - pour que tout cela soit quoi ?
La réponse est là :
On s’aime en fait éperdument.

Mais ne perdez pas, ô mes amis, cette conversation que je ne rejette pas
Allons. Je ne me censurerai pas !
Mais ne loupez pas cela : repensez une fois le silence
Aller. Profitons de l’absence !

L’expression la plus pure, la plus charnelle, la plus évidente
Celle qui prouve notre clarté sur le coup, sans médiateurs parasites d’émotions artificielles
Dans cette veine de politesse vaine qui nous envahit l’esprit.
Pensons simplement le silence comme un geste vers autrui
Une expression douce et sincère du oui, j’ai compris.
Et c’est fini : plus aucun autre son, plus aucun autre bruit.

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(Vacance de Pâques 2020)