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Laurence GUILLON

Le train de Saint Pétersbourg

L’haleine de la terre a gelé tous les arbres
Et les feux du couchant ne chauffent pas la neige.
Légères cages blanches, immobiles dentelles,
Hauts guerriers décharnés, figés dans les marais.
Désert, silence, miroitements, fantômes,
Célestes corolles sur l’église entrevue dans la froide soiré
Inégales armées pétrifiées par le givre ;
Sous leurs gros toits fourrés les fenêtres mi-closes,
De feux jaunes brûlant
Paissent en troupeaux calmes.
Au vaste bout du monde, le soleil grelottant ;
Ne fait que traverser la nuit noire en courant
Sur les palais lointains sa lumière biaisée,
Retenue, jaune et pâle, traîne son ombre ailée
Et la neige en filant, rapide sous l’azur,
Dévide la lumière, oblique chevelure,
Des tresses végétales hérissées de couronnes,
Maisons multicolores et glaçons écartés,
Fées blanches et pendues, fumées éviscérées,
Longues ombres couchées,
Jaunes phares en vadrouille
Au fil des chemins bleus.
Larges, très larges fleuves de verre et de velours,
Le train gronde en glissant loin de Saint-Pétersbourg.