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Julien BOUCHARD-MADRELLE

Vingt-neuf mai

Les cerises, déjà, commencent à mûrir;
Sur leur peau apparaît la pourpre, doucement,
Et l’on rêve déjà de les aller cueillir
Sous l’astre triomphant, joyeux, le cœur ardent !
Ces beaux fruits délicats, rubis de la nature
Rougissent peu à peu aux baisers du printemps
Comme le fait la fille à l’âme chaste et pure
Aux baisers pleins d’ardeur de son premier amant.

Leur peau est vernissée, elle brille au soleil
Et pare la ramée murmurante de l’arbre;
Comme autant de perles, ces fruits seront vermeils,
Chapelets rouge vif, parement de cinabre !

L’été s’est éveillé et le printemps l’accueille :
Ces deux belles saisons, bras dessus, bras dessous,
Inventent des couleurs, font chanter le bouvreuil
Et sèment dans les airs les parfums les plus doux !
Les grands marronniers, pleins de sève, nourrissent,
Leurs gros fruits épineux qui tombent en automne !
Dans l’ombre des buissons, les oisillons grandissent.
Le mois de mai s’achève et la nymphe Pomone,
La nymphe des jardins, fait prospérer les fruits.
Elle va, légère, inspecte les vergers,
Embrasse les roses qui s’ouvrent dans la nuit
Puis elle donne aux fleurs de doux reflets nacrés.

La nature sacrée fait bombance de vie !
Écoutez la chanter ! Voyez les épis verts
Des blés qui en juillet seront épanouis !
L’amour rit dans les champs, l’amour rit dans les airs !
Écoutez, le matin, dans les bois et les prés
S’éveiller les oiseaux dans un joyeux concert !
Goûtez la rêverie, aspirez à la paix
Et chassez de vos cœurs tout ce qui est amer !

C’est juin qui s’approche, éclatant de soleil !
C’est le mois des parfums et de la verdoyance !
Cueillons, cueillons les fleurs et les beaux fruits vermeils
Cultivons le bonheur et la douce espérance !