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Julien BOUCHARD-MADRELLE

L'Art

L’Art est le mot sublime au cœur qui sait l’entendre !
Le mot éternité est fade devant lui ;
De l’encenser toujours je ne puis me défendre :
Il me semble goûter au plus sacré des fruits.
En ce mot bref et cher, de notre humanité,
On trouve tout l’éclat et toute la bonté :
Il résume à lui seul le meilleur, le sublime,
Il peut faire oublier la guerre et ses victimes.

Comme en Grèce autrefois l’Art est un dieu pour moi
Et ses filles s’en vont inspirer les rêveurs
Qui soudain envoûtés et le cœur plein d’émoi,
Ressentent le besoin d’être des créateurs.

L’une de ses enfants me visite souvent :
Elle emplit tout mon cœur, je suis ivre et j’exulte,
Je me sens transformé, un puissant sentiment
Me pousse à composer et à lui rendre un culte.
Elle a pour nom Sylvènne, au pays des nuages :
Les fleurs sont ses palais, les lacs, ses lits profonds ;
Elle habite les monts et les verts pâturages,
Elle est reine des bois aux nobles frondaisons.

Se transformant en brise ou en belle hirondelle,
Elle a vu la savane où bondit la gazelle,
Les monts d’Arée, l’Olympe et Carthage l’antique,
Le Nil, l’Himalaya, Adélie, l’Amérique.
Elle a tout écouté : les hommes et les dieux,
Les torrents, les volcans, les vents impétueux
Et elle est revenue pour m’inspirer ces vers,
Et moi je retranscris les mots mystérieux
Qu’à mes côtés, joyeuse, elle sème dans l’air !

Celtique, elle est la sœur des muses vagabondes ;
Elle est brune, elle est rousse ou elle est tantôt blonde
Et selon son humeur elle change de traits ;
Mais toujours je la vois riche de mille attraits.

C’est ma reine chérie, la fille d’Apollon,
L’égale des muses qui sont sur le Parnasse ;
Souvent elle revient de ce magique mont
Et me dit avec joie les fêtes qui s’y passent.
Plus encor ! Quand je rêve au milieu de la nuit,
Enlaçant mon esprit, Sylvènne m’y conduit
Et j’y vois Terpsychore, élégante danseuse
Qui offre à mes regards des danses langoureuses ;
Et j’y vois les esprits des poètes défunts
Qui dissertent, qui rient, qui déclament sans cesse,
Qui boivent des nectars inconnus et divins,
Et je ris avec eux, goûtant à l’allégresse !

Ô l’Art ! L’Art est sacré ! Il est ma bouffée d’air,
Mon oasis, ma joie, mon vin piquant et clair !
Grâce à cette clarté je chante mes amours,
Je célèbre la vie aux multiples atours,
Je résiste au néant et aux semeurs d’enfer
Et je me sens vivant au cœur de l’univers !