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Juan ENCARNACION-VALVERDE

Passejade dans les Landes (promenade dans les Landes)


La cloche a retenti, les visages s’éclairent…
La voix du professeur, dans sa grandiloquence
Se meurt et disparaît… Et vogue la galère!
Adieu Maths et philo… Et vive les vacances!

Le cartable est jeté dans un coin de la chambre
Les livres et cahiers condamnés dans le noir,
Pour que d’autres demain, les rouvrent en septembre;
Des pages griffonnées et que je laisse choir.

Mon père sifflotant inspecte la voiture,
Et demande à maman si rien n’est oublié;
Un dernier tour de clé claque dans la serrure,
Père jette un regard, mère son tablier.

Et comme des marins qui larguent les amarres,
Nous quittons la maison comme on quitte le port,
Et l’on vire de bord, notre père à la barre;
Le volant à tribord… La route pour décor.

Je sens dans le regard de ma sœur la cadette,
Des lueurs de bonheur, des rires étouffés,
Des pages qu’elle lit et lentement feuillette
D’un regard malicieux, et se met à pouffer…

Le chemin était long et la fatigue intense,
Mais la mer était là et le rêve réel,
Quand nos pieds s’enfonçaient dans la chaude substance,
Ce doux sable brûlant doré comme le miel.

Tous ces corps allongés, dorés par le soleil,
La plage décorée de milliers de couleurs,
Serviettes, maillots, bleu, vert, jaune, vermeil,
Sous les maîtres des lieux: le ciel et la chaleur.

Des instants merveilleux quand l’âme se repose,
Et les cœurs dans la joie battent à l’unisson,
Permettant à l’esprit de marquer une pause,
Le baiser de la brise nous donnant le frisson.

Paradis où le ciel dans son bleu velouté,
Reflète son azur sur la vague mourante,
Injustice des flots qui viendrait débouter,
Celle qui par orgueil se veut désaltérante.

Ces vagues s’échouant sur de mornes rochers,
Quand l’onde déchaînée se transforme en écumes,
Les lames s’émoussant par simples ricochets,
Se fondent en éclairs pour renaître posthumes.

Des parfums que marée transporte sur la vague,
Foisonnement de l’eau sur le sable mouillé,
Quand le flux et reflux sans promettre de bague,
S’épousent sur le bord et viennent gazouiller.

Les mouettes amoureuses de ces vagues lascives,
Leur poussent de grands cris en signe d’allégeance,
Un ballet incessant qui les rend jouissives,
Qui jamais ne finit, mais toujours recommence.

Merveilleux cumulus paradant dans l’azur,
Qu’un soleil jouissif caresse leur blancheur,
Celui qui par beau temps en maître de césure,
Guidera le retrait du filet du pêcheur.

Horizons embués aux formes vacillantes,
Quand soudain apparaît brumeux mais transparent,
La blancheur d’un voilier aux voilures ployantes,
Dont ses courbes penchées rappellent le sarran.

Des voix, des cris, des sons, s’élèvent bruyamment,
Des enfants barbotant sur les bords de la grève,
Complices de ces jeux, les vagues évidemment,
Des instants merveilleux où s’accomplit le rêve.


Pas de tours ou d’amers, seul le phare surveille,
S’imposant en guerrier, protecteur des marins,
Celui qui d’un seul œil se maintien en éveil,
Et guide les bateaux des effets revolins.

Tableau majestueux de sons et de couleurs,
Harmonie de l’humain avec dame nature,
Des instants de bonheur effaçant les douleurs,
De l’école, les profs, des heures d’écriture.

Un miracle divin qui ravive mon âme,
Où règnent des parfums qui sentent le bonheur,
Richesses à la portée du quelconque quidam,
Dont le prix ne sera que rendre les honneurs.

Le soleil s’est éteint et les astres reluisent,
Des voiles transparents habillent le néant
D’une robe du soir; éternelles balises,
Polaire ou bien Céphée, guides des océans.

Assis près de ma sœur, de mon père et ma mère,
Contemplons allongés ces astres lumineux,
Nous livrant mille éclats de divines lumières,
Ressentant des désirs les plus vertigineux.

Le retour au coucher se fait dans le silence…
Quand un soleil brûlant renaît à l’horizon,
Illuminant de raies de sa noble radiance,
Mon espace à sommeil, sublime trahison.

Le balcon est ouvert sur la baie dominante
Aux contours escarpés sous des amas de rocs,
Où l’écume des flots, blanche marée errante,
Fonce sur les rochers pareils à des aurochs.

J’aperçois au lointain cette plaine des Landes,
Ces forêts où le pin y règne en suzerain,
Paradant sous les cieux sous ses vertes houppelandes,
Immuable beauté d’une statue d’airain.

Par delà ces forêts, des collines lointaines,
Où l’horizon se fond sous des formes brumeuses,
Nous laisse deviner vagues lignes incertaines,
D’étranges voluptés aux allures charmeuses.


Une odeur de café envahit mon espace,
Un rappel de maman du petit déjeuner,
Ensemble savourons libérés des angoisses,
Ces instants de bonheur incitant à flâner.

Nos parents sublimant l’ombre du parasol,
M’éclabousse ma sœur de sa main tapageuse,
Qu’un maillot jaune et vert l’habille en tournesol,
Innocente beauté d’allure ravageuse.

Errant nonchalamment sur les bords du rivage,
Les yeux écarquillés sur le sable mouillé,
Je cherche les plus beaux, d’échoués coquillages,
Qui viendront dans ma chambre en collier pendouiller.

Puis viennent les beaux jours de visites divines,
Cap Ferret, dans la baie du Bassin d’Arcachon,
Les îles, Banc d’Arguin, aux allures chauvines,
Des lieux où nous posons nos maigres baluchons…

Quand soudain éblouis surgit resplendissante,
La dune du Pilat beauté de l’esthétique;
Atteignant le sommet par sa pente harassante
Nous foulons sous nos pieds le mur de l’atlantique;

Quand des sternes caugeks nous font lever nos têtes,
Ces oiseaux migrateurs, hirondelles de mer,
Criardent, provoquant les rieuses mouettes;
Géant phare du cap, ce merveilleux amer,

S’érige en conquérant comme preux chevalier,
Provoquant l’océan, épiant la colère
De ces vagues altières venant le défier,
Pour guider le marin de son rayon stellaire.

Claouey, Les Jacquets, petit et Grand Piquey,
Petite et grande dune de villages typiques,
Tels L’Herbe et Le Canon, La Vigne et Cap Ferret,
Des lieux et des couleurs kaléidoscopiques.

La forêt usagère de La Teste de Buch,
Histoire d’un passé archivé ‘’pins bouteilles’’,
Que gemmeurs aux hapchots saignaient sur la garluche,
Extirpant de sa chair, résine qui sommeille.

La houleuse marée, quand le flot ou jusant
S’éloignent au galop, découvrant derrière eux
Le fond de l’océan; le flux agonisant,
Neptune de douceur, surgit impétueux.

L’ange bleu: l’océan, sous les ailes du vent,
Élève dans les cieux colorés parapentes,
Un ballet incessant de clins d’œil émouvants,
Sensations de bonheur pour ces ailes volantes.

Nous rentrons cœurs joyeux et les yeux éblouis,
Retrouver ce lieu clos bercé par la nature,
Où nous allons rêver aux formes évanouies
Enfouies dans nos yeux en tableaux de peinture.

Des ombres, des couleurs, des horizons sans fin,
Un soleil rougissant se fane et disparaît,
Quand la brume du soir se pose à la parfin,
Et voile le retour du puissant mascaret.

Une nuit de sommeil pour un dernier voyage,
Et la mer en amie se glisse dans mes draps;
Je l’entends murmurer son léger babillage,
Et m’emporte en l’instant sous son bleu balandras…

C’est l’heure du départ…_ Dieu que mon cœur est lourd!
Je suis cet exilé débarqué sur la grève,
Qui rêverait déjà à son prochain retour…
Ô beaux jours revenez! Que l’attente soit brève!

Que l’automne et l’hiver, laissent place au printemps,
Et la neige fondue désaltère la rose,
Que renaissent à nouveau de ses rayons latents,
Des rimes à douze pieds, ou de la simple prose.

Que le ciel et la mer à nouveau fassent corps,
Et pénètrent nos yeux en lumière céleste,
Faites que je revois un demain ces décors…
Que mon vœu fasse écho par ce pieux manifeste.

Un rêve qui prend fin sur les bancs‘della scuola’… (de l’école)
Premier cours: ‘italien’, révision des acquis…
Giovanni vous rêvez? Quattro ore di colla…(Quatre heures de colle)
Punition méritée… Ainsi je renaquis,

En ces lieux ou magie se joint à la prière…
Feux-follets du néant, gardiens de pieux régeste
Sous l’autel de nos cieux, l’éternel sanctuaire
Étoiles dans nos yeux dans ce monde céleste.