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Juan ENCARNACION-VALVERDE

Moi négro

Je suis venu au monde, traînant de lourdes chaînes,
Héritage lointain d’ancêtres africains,
Lourdeur du poids des ans qui inspire les haines,
De cette négritude, valeurs de nos anciens…

Négrillon je suis né, et nègre devenu,
Négroïde faciès, d’origine macaque,
Un QI d’animal, à moitié dévêtu,
Racines méconnues, n’apportant nul oracle.

Images ensanglantées de traversées lointaines
Où le blanc abusant de son autorité,
Enchaîna mon passé destiné à leurs reines,
A leurs rois négriers, buveurs de liberté.

Aujourd’hui héritier, sans mon consentement,
Pourrais-je refuser un si lourd héritage ?
La couleur de ma peau, le seul inconvénient,
Pour pouvoir affronter avec force et courage,

Ce sentier parsemé de discrimination,
Aux milliers de regards vous crachant au visage,
Exigeant pour certains, l’entière soumission,
Revivre le passé, retour à l’esclavage…

Car ce serait le noir qui sème la pagaille,
Le blanc dans ses actions peut montrer patte blanche,
Pour certains convaincus vous êtes la « racaille »,
Dans ma condamnation, c’est la plaie qu’on étanche…

Comment peut-on prôner que ma race est impure,
Que le blanc ici bas est race supérieure,
Pouvant à tout moment me coiffer d’une injure
La blancheur de sa peau excusant son erreur…

La coupable ici bas, se trouve dans ma peau,
Veule pigmentation en quantité infime,
Milligrammes qui sont dans ma vie un fardeau,
J’accuse mon bourreau, traîtresse mélanine…

Celle que nous voyons dans l’iris des humains,
Chez le rouge, le jaune, le noir ou bien le blanc,
Dans l’œil de ces bourreaux qui se disaient "aryens",
Dans les yeux cagoulés de tout le Ku Klux Klan.

J’aimerais cependant sans être casuiste,
Montrer à l’homme blanc, la paume de ma main,
En osant espérer moi qui suis fataliste,
Un regard différent, celui d’un être humain.

Lui prouver que demain je pourrais le sauver,
Que mon sang dans son sang ne laisse nulle trace,
Même si celui-ci provient d’un négrier,
Que ce fleuve vermeil n’a qu’une seule race,

Et fait de l’être humain, un être universel ;
Mais l’indice visible faisant la différence,
Cache notre intérieur, refusant le réel,
En laissant côté blanc que penche la balance.