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Joseph RZEMIEN

Mémère

Noyée dans les jours dérivant dans le temps
Immobile alourdie sur ta chaise
L’infini à la fenêtre et la canne oubliée
Bouche déserte que tu ne fermes plus
Tu frottes tes yeux enfumés de brouillard
Ton pas pèse et vacille sur le chemin
Le monde s’arrête tu ne vas plus très loin
Tes os gardent l’écho de quelques vieux chagrins
Et tes sœurs et tes frères
Chaque jour te reviennent d’hier
Du fond profond de trop nombreux hivers
Epave de toi-même ébauche brouillée
D’antiques séductions photo jaunie
Tu es mon reflet usé d’humanité
Tu es des rires des chansons de vaisselle en lessive
Inquiète d’attentions empressée de donner
Tes mains tremblent et se nouent
L’oubli d’être t’est miséricorde et compagnie
Les heure sont creuses et sans couleurs
Tu ne parles même plus de tes douleurs
Le monde s’indiffère L’éternité est brève
Tes envols tes sommets c’était peut-être un rêve