À ma fille
Toi ma fille, en cet instant que je veux figer,
Reçois cet hommage d’un père à te prier
De voir l’amour qu'il te dédie.
Aucun orage, aucun naufrage peut briser
Ce que la vie a pour l’éternité tissé.
De ton jardin, cueille les fruits.
Sous les Bougainvilliers et les Belopérones
Des Antilles, Héra te fit une couronne
Qui désormais partout te suit.
Avant que tu sois née, tu connus les secrets
De l’univers gorgé de milliers de beautés.
De ton jardin, cueille les fruits.
Le soleil déjà s’est levé quarante années
Illuminant tes jours. Là, au milieu du gué,
Avec l’aube, à nouveau, il luit.
Tes chagrins en grand nombre furent trop amers,
Et tes moments de bonheur tous trop éphémères.
De ton jardin, cueille les fruits.
Tes fidèles petits amis et leurs câlins,
Au coeur dépassant celui des tristes humains,
T’ont offert leur amour gratuit.
Leur tendre réconfort a guéri tes blessures
Et n’a jamais failli à combler tes brisures.
De ton jardin, cueille les fruits.
D’Europe jusqu’en Asie, pendant tes voyages,
De fiers équipages, de riants paysages
T’ont de la vie beaucoup appris.
De Californie en Floride, chaque pas,
Etonnée et ravie, t’a servi un repas.
De ton jardin, cueille les fruits.
Là au milieu du gué, tu as à contenir
Tant de choses en souvenir qu’en devenir.
Mais le temps s’écoule et s’enfuit.
Et toujours attirée vers de lointains rivages,
Tu aspires à goûter d’inconnus breuvages.
De ton jardin, cueille les fruits.
L’univers est trop grand, trop court est ton destin.
Regarde les fleurs là, au bord de ton chemin.
Du blé égrène les épis.
Lorsque fleurissent les dahlias et les lilas,
Que ton coeur se réjouisse et soit là sur tes pas.
De ton jardin, cueille les fruits.
