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Joseph CASTEL

De rouille et d'os - 1ère Partie

Au Continental Café, une bière au citron,
La bise légère sur la joue, après des heures
De pluies, porte des odeurs de tabac mal roulé
Que j’hume pour ne pas oublier comme j’aimais fumer.
Et puis il y a ce rêve dont je m’éveille à peine,
Piqué de rouille, parsemé d’os, ces rêves
Qui se métamorphosent en cauchemars,
Qui deviennent réalité, qui poussent à
La décision du précipice ou à franchir
Le gouffre pour transformer le rêve
En un bonheur palpable et bien entier.
Comme ce voyage en Inde, hâlé sous le soleil,
Y faire son école et amerrir parce que
J’aime l’hydravion pour côtoyer
Le sourire des nuages qui prennent le large.
Des cumulus de souvenirs à chasser,
Qui se souviennent d’avant, d’avant la liberté
Et l’amour, d’une époque sombre et rigide
Où j’étais esclave et sorcier de mes
Propres sortilèges, à l’image d’un automate
Remonté par le moindre tic, pour le moindre toc
Des conventions qui m’assiégeaient l’esprit.
J’aime maintenant regarder les araignées et
Reconnait leurs dons mathématiques,
Je m’instruis à présent auprès des plus petits
Parce qu’ils ne sont pas tyrans de leur corps,
Je me mélange souvent aux danses de nuits
Des plus grands dans la sueur et la cacophonie
De mes préjugés. J’observe quatre chaises sur
Deux côtés qui garde-manger pour l’ogre et
Sa fée aux pieds-nus qui rentrera à l’aube.
Être solaire, tu aimes les accents qui chantent,
Je chante dit-il mais ne sais pas pour autant aimer.
Par impatience en terrasse, quand la bière
Ne vient pas assez vite, je passe au Grand Café,
Ici il y a la mousse au citron servie sans attendre,
Acide comme sa peau, lisse comme un agrume,
Parfumé comme un fruit, je la bois, une, deux,
Puis dix avant d’étaler tout mon saoul sur le papier.
Je gratte, la grotte, pour gagner mon billet
En hydravion, voir ma maîtresse d’école
En Inde et lui écrire plus qu’un poème,
Un lien qui ne lit pas comme une entrave
Mais qui parle des foncés qui se drapent
De blanc, parce que le blanc n’est pas
Une couleur, même pas un état, à peine la page
Vierge que je regarde, mais surement le reflet
Sur lequel là-bas je la vois danser.