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Joel VINEL

Le banc du jardin

Dans un jardin d'arbres et de haies ;
Dans le coin le plus retiré des allées venues,
Existait un banc de pierre moussue
Aux pieds rongés par les herbes et les ronces.
Dans l'enclave verte des arbres,
Juste à coté du vieux bancs
Existait aussi un rocher plat
Où j'aimais à venir m'allonger.
Et je venais souvent me recueillir,
Parmi l'esprit odorant des arbres du parc,
Lorsque ma mère promenait mon jeune frère
Dans les allées blanches du beau jardin.

Un jour ou j'étais seul dans l'endroit,
Je vis tout à coup, assis sur le banc,
Un enfant que je n'avais pas vu venir.
Il était frais et beau, semblable à un ange.
Il ne bougeait ni ne me voyait. Ses yeux bleus
Etaient fixés sur le sentier conduisant à notre refuge.
Une silhouette s'avançait dans la lumière blanche du soleil
Elle déboucha dans l'ombre fraîche des branches
Et s'assit sur le banc où l'enfant n'était plus.
Des larmes coulaient de ses yeux d'adolescents,
Elles roulaient sur sa joue ronde
Jusqu'à sa moustache d'homme mûr
Qui venait de naître.
Les petites gouttes salées continuaient ensuite
Leurs routes jusqu'au bout du menton pointu
D'où elles tombaient sur une main bien faîte.
La paume ouverte recevait ce nectar des yeux
Cependant que celui-ci se raréfiait.
Une barbe de plus en plus longue
Ralentissait le flot des larmes
Que recueillait à présent une main
De vieillard aux veines saillantes et bleues.
D'épais sourcils et de profondes rides
Entouraient maintenant les yeux du vieux visage
Où brillait le même feu, aussi jeune et aussi pur,
Qui scintillait dans ceux de l'enfant.
Sans doute un même esprit les allumaient.
Bientôt ceux-ci s'éteignirent
Et il ne resta plus qu'un cadavre sur le banc.
Il se décomposa rapidement,
Et le vent dispersa la poussière
De ce qui fut l'enfant.

J'ai longtemps pleuré,
Seul, sur mon rocher ;
Jusqu'à ce que le froid de la pierre
Qui pressent le soir
M'ai glacé le sang
Au plus profond de mon être.
Alors je suis parti,
Me promettant de ne jamais oublier
Qu'un jour peut-être, moi aussi,
Je viendrais déposer mon existence,
Loin de tous, au creux de ce banc.