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Joël GRENIER

Suicide

Dans la lueur sordide d’un matin banal,
Ancré à la terre, s’élevant vers les cieux,
Un clocher de béton sans décor sculptural
Semble en vain rechercher un soleil neuf des yeux.
Les vaches mugissent en attendant l’étable.
Le matin s’est vêtu d’un manteau de rosée.
Le café fume un peu sur le bout de la table.
L’horloge de l’église six fois va sonner.

L’homme est là
Qui se bat
Et qui ne peut vraiment plus
Oublier
La pensée
De celle qu’il a perdue.
Elle est morte,
Dieu l’emporte
Au fond de son paradis.
Alors bon,
À quoi bon
S’accrocher à cette vie.

Aux lueurs morbides d’un jour sans lendemain,
Une corde a craqué au violon de la vie.
La mort l’a découvert le fusil à la main.
Dans un fracas d’enfer il a trouvé l’oubli.
Les vaches mugissent en entrant dans l’étable.
Ce matin a vraiment un faux air de juillet.
Le café refroidit sur le bout de la table.
L’horloge de l’église six fois a sonné.

Il est mort
Et son corps,
Tout de sang rougi,
Est tombé
À côté
De photos jaunies.
Elle est belle,
Car c’est elle,
Et dans son sourire,
On comprend
Que le temps
Ne peut tout enfouir.