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Jedna DEIDA

Le gentilhomme et le paysan

Sur la crête d’une colline se dressait majestueux
Au milieu de l’abondance un château sulfureux
Un grand festin s’y célébrait pour gens de noblesse
Des cris de joie et décibels, à mil lieux, sentaient la liesse
Sur un sentier qui y menait se lançait un gentilhomme
Son chapeau bien dressé, il sentait bien le baume
Mais tout à coup, il vacilla, comme sorti du néant
Le gentilhomme trébucha pour éviter un paysan
«Je suis navré, messire» se confondit le paysan
L’aristocrate irrité, n’en était que plus méchant
« Misérable», lui dit-il pour lui faire porter le chapeau
L’indigent silencieux, l’écoutait sans dire mot
« Que fais-tu sur mes terres, Es-tu de mes serfs ? »
Lança le gentilhomme pour réparer son calvaire.
Le paysan :
Non, messire, répondit le sieur d’un ton hilarant
Je ne faisais que labourer, je suis sur mes champs!
Encore mil excuses de cette collision soudaine
Qui, sans doute, fut pour vous une surprise malsaine.
Le gentilhomme chasse la boue, ajuste son costume :
« Que valent, pour mes habits, tes excuses posthumes
« Ton irruption à tous égard est d’un augure pathétique
«Malsaine, tu l’as dit» médit le gentilhomme sarcastique
De cette crasse, de ces haillons? A quel Saint se vouer ?
Ô miséreux ! Connais-tu ce festin?
Ces beaux costumes, ces parfums ?
As-tu jamais goûté à ces mets exquis?
As-tu humé ces arômes une fois de ta vie?
Cette musique de vaisselles ?
Cette sobriété ? Cette dentelle ?
Tu en l’eau à la bouche. Tu en rumines.
Ah ! Tu t’en lèches déjà les babines
Le paysan
Damné, peut-être, je le suis mais n’en ai cure
De ton festin, de ton palais et ses vizirs
Ma vie est dure, mon ventre est creux
Je vis de mie et de farine, je suis heureux
Ne pleurez pas, je vous conjure, ma vie mesquine
Verser des larmes pour ce banquet à mil ruines
Le gentilhomme
Quel malappris, Quelle insolence
Toi le gueux, quelle indolence
Parler de ruines pour un banquet
Ton ignorance est bien toquée!
Le paysan
Messire, permettez, que votre gouverne s’agace
Vos banquets, vos festins qui en paie toujours les taxes?
Tout cet argent rassemblé ? Ce n’est point vous que je sache
J’en verse la dîme à l’hectare et à la tête de mes vaches.
Je vous habille, vous nourris, assure vos caprices voraces
Je suis interdit du banquet pour statut de moindre race
Là haut, ce Grand festin fait de délices et de liqueurs
Je vous le sers de toutes mes forces, de mes sueurs.
JD