Je m’en allais souvent au fin fond des nuages Quand j’étais toute enfant, avec pour seuls bagages Des rêves pleins les yeux et des vécus sans âges
Ma mère, j’alarmais : « Ou vas-tu chaque jour ? Dans quels sombres palais Traines-tu tes sabots ? Quel roi, reine ou laquais Veille sur toi mon cœur, lorsque tu disparais ? »
Je lui répondais : « Mère ! Ne t’en fais pas pour moi, j’ai besoin du mystère Mais tu n’es jamais loin, quand je vogue en galère Jamais loin ! Sache-le, toi, mon ange sur terre
Il me faut mon jardin Suspendu quelque part pour penser tel Rodin Voir le monde d’un arbre à la façon d’Odin Mon pays sent l’ailleurs. Je suis un paladin !
J’ai l’âme poétesse Je n’y peux rien Maman, si toute ma tendresse Je la cultive en moi, égrenant ma jeunesse Aux quatre coins des vents pour y cueillir l’ivresse »
Or, elle n’est plus là Mais je n’ai pas changé, j’erre dans l’au-delà Et par monts et par vaux, lune où Walhalla Je la vois et l’entend me dire : « Ah te voilà ! »
C’est fou comme un noème Contient de souvenirs… à graver en poème