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Jean-Stephane BOZZO

Mélancolie

Il y a comme de l’eau dans mon regard
Qui me plonge dans un épais brouillard,
Mes veines irriguent une peine de sang,
Sur laquelle flotte une feuille morte au vent.

Quelle est donc cette tristesse vague et infini,
Noyée de chagrin, ce fond de douleur sans cause,
Les jours où il fait trop beau, ou trop gris,
Ce soleil lourd, ce vent glacial, cet air morose?

Quelle est donc cette affection mentale, dense,
Caractérisée par cet état dépressif,
Ce sentiment d’incapacité, cette absence
De goût de vivre, qui me donne l’envie de mourir?

Ce n’est pas moi qui pleure ce sont mes yeux.
J’ai beau essayer d’y remédier, je n’y peux rien,
J’ai beau essayer de chercher les causes, encore rien,
La mélancolie est inné à mes yeux.

D’où me vient ce sentiment métaphysique,
Si ce n’est que de l’intérieur de moi-même?
Pour tenter d’éclaircir ce mystère,
Dois-je remonter jusqu’à mes origines?

Je suis habité par des images intérieurs,
Le spectre m’habite comme dans Hamlet,
Je suis malade de mon humanité.
Que puis-je faire contre ma propre lucidité?

Je suis accaparé par le poids étouffant
De ma solitude, la masse, la gravité,
Au sens propre comme au sens figuré ,
De la pesanteur de la vie m’accablant.

Je sais qu’un jour ou l’autre je vais mourir.
Pourquoi continuerais-je donc à vivre,
Moi, qui ne vit que galères et souffrances?
Pourquoi dieu me faire souffrir à outrance?

Je regarde les cages en béton de ma cité,
Je cours jour après jour après mes activités.
A quoi bon résister au charme de la vanité
Qui m’accompagne tous les jours en secret?

Quelle en est donc de ces grandes joies,
Qui se transforment au lendemain du coït,
En profonde tristesse, devant la brièveté
Coupable de les avoir éprouvées ?

L’ambiguïté avec toi mélancolie,
C’est le bonheur que j’éprouve à être triste,
L’art de la tristesse transcendé en joie,
Comme si derrière chaque larme s’attardait un espoir.

La mélancolie est une maladie sans remède,
Une maladie du sens de l’interprétation
Sur le bien fondé de la civilisation,
Une douleur infinie dont je ne peux me remettre.

La mélancolie c’est la réalité de la vie,
Je pense donc je suis mélancolique.
Que puis-je faire d’autre que de l’assumer,
Puisqu’on ne peut ni la fuir ni lui échapper?