Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Stephane BOZZO

Le grand canal

C’est un lieu de silence, à l’écart de la route.
Ici, il n’y a aucune voiture aucune route.
Que ceux qui n’aiment pas le bateau passent leur chemin!
Ici, il vaut mieux avoir le pied marin!

Sans bruit, une gondole avance dans Venise,
Glissant parmi les ponts et les quais indistincts.
On entend une voix plaintive, un chant lointain
Qui s’échappe et s’enfuit sur la lagune grise.

Est-ce la nuit , le jour, l’aube ou l’après-midi?
Ici, le temps se noie dans la lagune éblouie,
Qui va lent comme un adagio d’Albinoni,
Au rythme des quatre saisons de Vivaldi.

Larguez les amarres ! embarquement immédiat !
Ici, aucun ronflement de moteur sur ton chemin,
Si ce n’est celui du Vaporetto, ou du taxi marin
Qui glissent sur la lagune,
A l’horizon pâli, tel un Donatello,
Le regard noyé, dans un petit filet d’eau.

Le long du grand canal gisent les façades
Qui s’effritent comme une misère dorée
D’un passé glorieux balayé par les vagues.
Elles se creusent de fêlures, de dessins dévorés
Par la mousse et le lierre aux folles chevelures
Germant et bourgeonnant des vieux murs.

Les couleurs éclatantes du temps jadis
Gisent, sous l’emprise des eaux dormantes,
Sur lesquelles, la lumière scintille
Comme un soleil glauque, emporté par le couchant.

Les balcons, les ponts aériens se reflètent dans l’eau
Comme des pans de ciel qui cachent la misère.
C’est une beauté qui invite à la mélancolie
Celle d’un passé glorieux, et d’un avenir incertain.