Loin des discours ennuyeux de l'abbé, Dissertant, c’est certain, Sur quelque point obscur d'un évangile au goût du jour, Dans le calme couvent, Je m'étais retiré dans le chant des oiseaux, Près du bassin d'eau claire.
L'après-midi était belle et Dieu, S'il existait, Semblait plus présent dans la chaleur du printemps Que dans les monotones litanies que le prélat ânonnait Tout près, là.
La beauté était simple et le discours vain, Dans les vapeurs digestives Qui drapaient la distraite assemblée.
Je ne me souviens plus du sujet du débat, - ou plutôt de l'exposé : Le débat suppose une contradiction - ; Par contre je me rappelle que le ciel était limpide Et l'air chaud déposait avec tendresse Son baiser parfumé sur mes joues ensoleillées.
L'idée me plût soudain de me dévêtir presque totalement Et de me mouiller avec cette eau pure du couvent, - de l'eau bénite en somme ! -. Et je procédais à un nouveau baptême, Par immersion et non plus par aspersion.
Un grand plouf couvrit le discours monocorde de l'abbé, - ont-ils donc si peur de réveiller Un Dieu qu'ils auraient endormi, Ou bien d'être entendus par des Saints hilares Et moqueurs ? – Et l'assemblée approuva derechef mon propos, Sensible depuis un instant aux oiseaux, au ruisseau Et à la vie qui s'exprimait sans un mot.
L'abbé vint me dire de sortir de l'eau fraîche, Car je pouvais attraper froid, Et il se sentit le cul botté Par Saint François d'Assise.